DE NOTRE CORRESPONDANTE
IL Y A QUELQUES JOURS, les présidents des caisses primaires (CPAM) du Calvados, de l'Orne et de la Manche avaient donné le ton en critiquant le projet gouvernemental des franchises médicales (voir « le Quotidien » du 3 octobre). D'une seule voix, à leur tour, les présidents des huit caisses primaires d'assurance-maladie (CPAM) de la région Midi-Pyrénées se sont prononcés dans le même sens. «Nous avons décidé à l'unanimité de nous exprimer publiquement à propos des franchises médicales pour dénoncer une mesure inefficace», raconte Bernard Giusti, le président du conseil d'administration de la CPAM de Haute-Garonne.
C'est donc dans une lettre ouverte adressée aux parlementaires de leur région que les directeurs des caisses du Sud-Ouest ont exprimé leur désapprobation du projet, se posant en défenseurs des principes fondateurs de solidarité de la Sécurité sociale.
«Les mesures restrictives appliquées en 2004 lors de la réforme de l'assurance-maladie devaient déjà nous conduire à l'équilibre en 2007, aujourd'hui il n'en est rien et l'on sait bien que le système des franchises médicales ne réglera pas davantage le problème du déséquilibre de l'assurance-maladie. Cette réforme est au mieux une illusion, au pire une tromperie», indique Bernard Giusti.
«Nous traitons dans la Haute-Garonne, ajoute-il, de plus en plus de dossiers en commission sanitaire et sociale concernant des assurés dans l'impossibilité de payer le forfait journalier hospitalier; or on s'apprête avec une telle mesure à faire cotiser des personnes malades… C'est aberrant. On ne peut revendiquer de la prévention partout et mettre en place un système qui va affecter les plus fragilisés.»
Le risque d'une « médecine à deux vitesses ».
Les signataires dénoncent des choix politiques qui ne seraient pas logiques et regrettent une stigmatisation des assurés. Ils craignent qu'une telle mesure n'aboutisse en France à un système de santé à l'américaine ou, pour le moins, à une médecine à deux vitesses. «Le gouvernement fait le choix des exonérations de charges, mais il ne compense pas ce manque à gagner pour la Sécurité sociale. Nous allons glisser vers un dispositif assurantiel privé. Ceuxqui en auront les moyens paieront pour avoir une assurance santé, les autres devront s'en passer.» Faut-il voir dans ces prises de position en cascade des président, de caisses primaires l'amorce d'un mouvement national ? Une chose est certaine en tout cas, prévient Bernard Giusti, «les présidents des caisses sont là pour défendre les intérêts des assurés». L'avertissement est clair.
La salve de Martin Malvy
Le président socialiste de la région Midi-Pyrénées s'est lui aussi exprimé publiquement contre le projet des franchises médicales, apportant son soutien aux présidents des caisses primaires et regrettant que le pacte fondateur de l'assurance-maladie qui garantissait la solidarité entre malades et bien-portants soit, selon lui, mis à mal. L'ancien ministre a par ailleurs critiqué l'action du gouvernement et affirmé que «après avoir fait un cadeau de 15milliards à quelques dizaines de contribuables plus fortunés, aller récupérer 800millions dans la poche des malades ne réglerait pas le problème [de la Sécurité sociale] et ne pourrait effectivement que soulever une très vive protestation».
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