DEPUIS MARS 2004, toute la France est concernée par le dépistage organisé du cancer du sein (une mammographie proposée tous les deux ans aux femmes de 50 à 74 ans, prise en charge à 100 %). L'intérêt du diagnostic précoce de ce cancer qui, en 2000 (derniers chiffres), a touché 42 000 femmes et en a tué près de 12 000, n'est plus à démontrer : lorsque la taille de la tumeur est inférieure à 1 cm, sans envahissement ganglionnaire, les chances de survie à cinq ans sont d'au moins 90 %, alors qu'elles sont inférieures à 55 % en cas d'atteinte ganglionnaire. Dans l'Hérault, département qui a expérimenté le dépistage organisé dès 1989, et où la participation est actuellement de 60 %, la taille moyenne des tumeurs dépistées est passée de 1,7 cm en 1995 à 1,4 cm en 1999 et 1 cm aujourd'hui. On estime qu'un dépistage organisé pleinement efficace permettrait de réduire la mortalité de 25 à 30 %. Condition sine qua non, au vu d'études randomisées : que la participation atteigne 70 %.
Ce n'est pas le cas, selon les données publiées récemment par l'Institut de veille sanitaire : en 2006, avec 2 millions de femmes de 50 à 74 ans qui ont été dépistées, le taux n'a pas dépassé 49 % (contre 45 %, il est vrai, l'année précédente). De grandes inégalités géographiques sont observées : si trois régions dépassent les 60 % – le Limousin (64,6), la Bretagne (62,6) et les Pays de la Loire (62,3) –, trois sont en dessous de 40 %, la Corse (39,8), la Lorraine (39,4) et, dernière de la liste, l'Ile-de-France (37,5).
Il faut préciser,W que si l'on tient compte du dépistage individuel, on arrive à 70 % des femmes de 50-74 ans qui ont eu au moins une mammographie durant les deux dernières années (Baromètre santé, octobre 2004-février 2005).
Manque de temps.
Quelles sont les réticences au dépistage ? La moitié (49,4 %) des 50-74 ans qui n'ont jamais pratiqué de mammographie estiment qu'elles n'ont pas besoin de cet examen, le pourcentage passant à 57,9 % chez les 70-74 ans. Le manque de temps est surtout mis en avant par les 50-59 ans (31,8 %), alors que les notions de coût ou d'éloignement géographique du cabinet de radiologie ne sont pratiquement pas invoquées (respectivement 0,9 et 0,3 %). En outre, malgré le dépistage organisé dont ont bénéficié plus que les autres les femmes de milieu modeste, ces dernières recourent toujours moins à la mammographie que les femmes de milieu aisé.
Dans plus d'un tiers des cas, la raison de l'examen est liée à l'invitation reçue dans le cadre du dépistage organisé, mais c'est plus souvent le médecin qui préconise la mammographie, principalement dans le cadre d'un suivi régulier.
Contrairement à d'autres pays, dans lesquels le dépistage organisé s'effectue dans des centres spécialisés, la France a fait le choix de s'appuyer sur les radiologues libéraux, qui ont presque tous répondu présent (87 %). Pour satisfaire aux exigences de qualité, ils doivent justifier d'au moins 500 mammographies lues par an. Le matériel répond à des normes strictes et les clichés négatifs ou bénins sont systématiquement relus par un autre spécialiste (8 % de l'ensemble des cancers sont détectés grâce à la seconde lecture). Au total, pour 1 000 femmes dépistées, 100 auront des examens complémentaires et 6 un diagnostic de cancer. La généralisation du dépistage organisé du cancer du sein est l'un des cinq objectifs du plan Cancer. Roselyne Bachelot doit lancer cet après-midi, en compagnie du Pr Dominique Maraninchi, président de l'Institut national du cancer, une campagne de sensibilisation avec pour slogan : « On a toutes trois bonnes raisons d'y participer ».
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