L'ENQUÊTE permanente sur les accidents de la vie courante (Epac), publiée en 2005 par l'InVS (Institut de veille sanitaire), fait état de 1 643 enregistrements d'accidents causés par un chien au cours de la période 2002-2003. La base Epac 1999-2003 en totalise 3 970, ce qui représente 1,6 % des 247 221 accidents collectés par ce réseau de sept établissements hospitaliers*. Compte tenu des taux d'incidence, ces chiffres correspondent à un nombre d'accidents avec un chien compris entre 53 000 et 110 000 pour 2002.
Mais il est pour le moins difficile d'obtenir des chiffres cohérents. Selon le Dr Claude Beata, président de l'association Zoopsy, les statistiques des assurances totaliseraient 8 000 blessures graves chaque année, dont la moitié nécessiteraient une intervention chirurgicale. Suivant les sources, cela représenterait 0,3 % des admissions aux urgences et 1 % des actes chirurgicaux. Et on pourrait extrapoler jusqu'à 500 000 le nombre total des incidents, bénins dans leur très grande majorité.
Cette carence de données épidémiologiques exhaustives ne permet pas de mesurer l'impact précis de la loi de 1999. Difficile aussi d'analyser la dangerosité des chiens suivant leur race.
Un tiers d'enfants de moins de 10 ans.
En ce qui concerne cependant les victimes, les données Epac esquissent un tableau de répartition selon l'âge et le sexe : les enfants de moins de 10 ans représentent 34 % des blessés, la proportion diminuant avec l'âge, jusqu'à atteindre à peine 4 % au-delà de 75 ans. Une surreprésentation masculine est observée (sex-ratio de 1,2). Ce sont les membres supérieurs et la tête qui sont le plus souvent lésés (respectivement 41 et 37 %), devant les membres inférieurs (16 %) et le tronc (2,8 %).
Une étude descriptive a été publiée par l'école vétérinaire d'Alfort** à partir des 237 cas enregistrés chez les enfants de moins de 16 ans admis aux urgences de l'hôpital Armand-Trousseau (Paris), entre janvier 1991 et décembre 1994. Elle fait ressortir un pourcentage de prévalence stable sur toute la période, avec un enfant sur deux cents qui consulte aux urgences à la suite d'une morsure de chien. Parmi ces enfants, 11,4 % ont nécessité une hospitalisation. Le pic des accidents est observé chez les enfants âgés de 1 à 3 ans, les nourrissons et les bébés âgés de moins de 1 an étant très faiblement représentés (0,1/an). Jusqu'à 3 ans, les garçons sont moins souvent blessés (47 %), alors que, à partir de 6 ans, ils représentent 56 % des victimes, et même, entre 12 et 16 ans, 80 % d'entre elles.
Les lésions siègent d'abord au visage (38,8 %), puis aux jambes (20,7 %), aux mains (17,2 %), aux bras (11,9 %), au tronc (5,7 %), au cuir chevelu (3,5 %) et aux pieds (2,2 %).
Ces localisations varient suivant l'âge : jusqu'à 3 ans, la tête est touchée dans 75 % des cas, alors qu'entre 12 et 16 ans, elle n'est plus atteinte que dans 18 % des cas.
Ces pourcentages indiquent que les enfants les plus jeunes se défendent très peu et subissent l'agression du chien, alors que, chez l'adulte mordu, la tête ne compterait que pour 10 % des lésions.
L'enquête épidémiologique continue donc. Certains s'y essayent localement, tel le vétérinaire comportementaliste Guillaume Sarcey, qui a collecté les données en provenance des services d'urgences des hôpitaux des Hautes-Alpes entre mars et août dernier, soit 37 accidents, dont un seul causé par une race dite dangereuse. Le praticien a tenté d'associer à son travail les médecins généralistes, en lançant un réseau sentinelle départemental. Une initiative qui a recueilli une adhésion spontanée parmi les omnipraticiens, mais qui s'est heurtée à un manque de moyens. Selon Guillaume Sarcey, le relais des médecins de famille s'annonce prometteur pour étudier les accidents avec les chiens. Et pour mettre en place une stratégie adaptée au problème, sans focaliser sur quelques races jugées dangereuses.
* CHG d'Annecy, CHU de Besançon, CH de Béthune, CHU de Bordeaux, CHU de Reims, CH Bretagne-Atlantique de Vannes-Auray. ** « Epidémiologie et santé animale », 2002 ; 42 : 115-121.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature