DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
«DONNER LA VIE ne doit plus être un hasard.» Ces mots prononcés dans les années 1960 comme slogan afin de défendre les droits et libertés de la femme résonnaient de nouveau avec force dans l'enceinte de l'Admiralspalast à Berlin, lors de la journée de lancement de la première campagne internationale d'information sur la contraception. Annoncée comme étant «une journée et surtout un mouvement» par Dana Hovig, responsable de l'ONG Marie Stopes International, cette initiative s'adresse à un large public de femmes et d'hommes en âge de procréer. Son but cette année : encourager les adolescents à être des acteurs de leur vie, en choisissant de devenir parents au moment souhaité plutôt que de subir une grossesse non désirée, venant contredire leurs projets d'avenir.
Dana Hovig a ouvert le colloque en tirant la sonnette d'alarme : «Parmi les 28millions de grossesses qui ont lieu chaque année dans les pays développés, 49% ne sont pas désirées et 36% finissent par un avortement.» Des chiffres pour le moins inquiétants relevés du reste récemment par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, qui a souhaité promouvoir également cette année la meilleure contraception qui soit, «celle que l'on choisit», par diverses actions en milieu scolaire et par l'intermédiaire des médias (« le Quotidien » du 13 septembre).
Ecoles, boîtes de nuit, concerts.
Au vu du nombre important de pays aussi bien en Europe qu'en Asie ou en Amérique latine souffrant du manque d'information concernant la contraception, de nombreuses actions visant principalement à éduquer les jeunes sur la sexualité se dérouleront dans les écoles, boîtes de nuit et concerts durant cette première Journée mondiale de la contraception, en plus des nombreuses fiches explicatives consultables sur le site www.your-life.com inauguré ce même jour. «Nous souhaitons améliorer et faciliter les connaissances en matière de contraception, mais aussi promouvoir notre expérience en dehors de l'Europe», a déclaré Olga Loeber, membre de la Société européenne de la contraception.
Ces actions sont destinées à devenir pérennes et à s'élargir dans l'avenir au plus grand nombre de pays. Car il s'agit «d'un sujet grave sur lequel il est temps d'agir», a assené Dana Hovig, rappelant que, d'après une étude menée en 1999 par The Alan Guttmacher Institute, sur les 80 millions de femmes qui ont des grossesses non désirées, 20 millions prennent le risque chaque année d'un avortement dangereux pour leur santé, qui peut être à l'origine de 68 000 décès. Il est du reste «inquiétant qu'au sein même de l'Europe demeurent tant de disparités quant à l'utilisation de la contraception et quant au niveau de son acceptation», note David Cibula, président de l'ESC. D'après une étude réalisée par Eurostat en 2005, c'est le Royaume-Uni qui figure en tête de classement des pays pratiquant le plus d'avortements « légaux » parmi les 15-19 ans, avec plus de 36 000 avortements par an ; suivi de près par la France (28 376), puis par la Roumanie (17 902), l'Allemagne (15 753) et l'Italie (9 725). Des résultats toutefois peu étonnants, lorsqu'on apprend que plus d'un quart des jeunes entre 15 et 24 ans n'utilisent pas de contraception lors de leur première relation sexuelle.
Record asiatique.
Plus de la moitié (58 %) des avortements dans le monde ont été réalisés en Asie en 1995, avec près de 10 millions d'avortements clandestins. Pour rompre avec ces tristes records, la nouvelle organisation Asia-Pacific Council on Contraception (Apcoc) s'est jointe à la Journée mondiale de la contraception. «Nous voulons mieux informer les populations sur la santé reproductive et sexuelle afin que chacun puisse choisir efficacement sa contraception. Beaucoup de grossesses non planifiées et non désirées ont lieu par simple manque d'information ou à la suite d'une utilisation incorrecte de la contraception», a confirmé le Pr Soo Keat Khoo, de l'Apcoc.
Quant à l'Amérique latine, c'est en moyenne 38 % des femmes qui tombent enceintes avant l'âge de 20 ans. Et 15 % des adolescents entre 15 et 19 ans sont contaminés par une infection sexuellement transmissible. «C'est pour ces raisons que le Celsam a rejoint d'autres organisations internationales pour soutenir la Journée mondiale de la contraception. Il est important d'associer la pilule au préservatif, afin d'avoir une sexualité «responsable» et de prévenir à la fois les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles», a affirmé le Dr Samuel Santoyo, responsable du Centro latino-americano Salud y Mujer (Celsam). Une certitude reprise par l'actrice Mischa Barton, venue à Berlin dans le but de dévoiler la campagne d'information. Révélée dans le film « Coup de foudre à Notting Hill » et héroïne de « Malice in Sunderland », l'adaptation du célèbre conte de Lewis Carroll, la comédienne, tout juste âgée de 21 ans, semble pour sa part déterminée à ne pas se laisser conter fleurette. En assurant utiliser ce double mode de contraception qu'elle recommande à «tous les jeunes dans tous les pays du monde», la jeune femme ferme la porte aux mauvaises surprises… et merveilles.
* L'organisation internationale sur la santé sexuelle et reproductive Marie Stopes International (MSI), l'organisation du Centre latino-americain pour la santé de la femme (Celsam), l'organisation du Conseil Asie-Pacifique sur la contraception ( Apcoc).
Informations sur le World Contraception Day 2007 : www.contraceptions.info et www.your-life.com.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature