C'EST ROSELYNE BACHELOT la militante féministe qui a annoncé dans les murs de son ministère le lancement d'une campagne sur la contraception. «La défense des droits des femmes structure mon engagement politique depuis toujours!», s'est enflammée la ministre de la Santé . «L'amélioration de leurs conditions de vie est pour moi une préoccupation quotidienne, en particulier, s'agissant des femmes en milieu défavorisé (...) En lançant aujourd'hui une campagne sur la contraception, c'est d'abord à elles que je pense, à ces femmes en souffrance, à ces femmes isolées, à ces femmes mal entourées, à ces femmes subordonnées, à ces femmes qui manquent d'instruction et qui plus que d'autres ignorent les différentes méthodes contraceptives qui pourraient leur être proposées.»
Nouvelle culture contraceptive.
«La contraception n'est pas un acte mécanique et consumériste, a ajouté la ministre. Elle doit être choisie, adaptée et réfléchie.» Voilà tout le sens de la campagne d'information qui a été confiée, par le ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, à l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé). «La contraception s'impose souvent comme une évidence. Rarement questionnée et peu expliquée, elle ne devient sujet qui interpelle que lorsqu'il est trop tard, qu'il y a eu oubli de pilule, rupture de préservatif ou tout autre échec dans l'utilisation d'un moyen contraceptif», explique Philippe Lamoureux, directeur général de l'Inpes, qui souhaite à travers cette campagne initier une nouvelle «culture contraceptive», et contribuer ainsi à réduire le nombre encore trop important de grossesses non désirées (parmi les jeunes femmes de 20-30 ans, les adolescentes et les femmes en situation de vulnérabilité).
Plus de 200 000 IVG.
L'Inpes a mis en place, depuis janvier déjà, un programme d'études et de communication sur la sexualité et la contraception des Français, se fondant sur le Baromètre santé 2005 qui avait révélé que trois quarts des personnes âgées de 15 à 54 ans utilisaient un moyen de contraception. Par ailleurs, il était montré que moins de 10 % des femmes (8,9 %) qui ont eu leur premier rapport au cours des cinq dernières années n'ont pas utilisé de moyen de contraception lors de ce premier rapport. Et pourtant, le taux de recours à l'IVG reste élevé en France (un peu plus de 200 000 par an) et tend même à augmenter pour certaines tranches d'âge. On parle même d'un «double paradoxe» français car ce taux est l'un des plus élevés d'Europe.
L'absence d'utilisation d'une contraception serait à l'origine d'un nombre important d'IVG, mais les difficultés de gestion quotidienne (dues notamment au rythme professionnel parfois surchargé des femmes) auraient aussi leur part de responsabilité. Et le recours à une contraception d'urgence est encore inégal.
Certes, son usage augmente régulièrement, mais le niveau de connaissances à son sujet est très hétérogène (il est, sans surprise, nettement plus élevé chez les plus jeunes et/ou avec un niveau d'études haut).
Dans une enquête menée entre janvier et février derniers (« le Quotidien » du 7 juin), l'Inpes avait cherché à identifier les freins à une bonne utilisation de la contraception. Il en ressortait que la quasi-totalité des utilisateurs d'un moyen de contraception se déclarent satisfaits (95 %) et même très satisfaits (79 %) du moyen qu'ils utilisent. Les Français sont par ailleurs nombreux à connaître la diversité des méthodes contraceptives. Il n'empêche que les idées reçues sur la contraception persistent, comme croire que la pilule peut rendre stérile ou que le stérilet ne peut pas être utilisé si on n'a pas eu d'enfant. L'étude avait encore montré que, par exemple, 53 % des Français pensent qu'une femme ne peut pas tomber enceinte si un rapport sexuel a eu lieu pendant ses règles et 64 % qu'il existe des jours sans aucun risque de grossesse simplement identifiables en surveillant son cycle.
Télés, radios, Internet...
Le dispositif de la campagne se compose d'un film télévisuel qui sera diffusé à partir du 15 septembre et pendant trois semaines, autour du thème «Il y a plein de façons de s'aimer, il y a plein de moyens de contraception.» Des spots radio seront diffusés du 24 septembre au 24 octobre, sur les stations de radio jeunes et généralistes. Les messages visent à interpeller sur des situations sensibles, comme les oublis de pilule réitérés, l'envie de passer du préservatif à une autre méthode contraceptive, l'arrivée d'un enfant qui parfois tend à faire oublier les préoccupations contraceptives... Tous ces spots renvoient à un site internet : www.choisirsacontraception.fr (ouvert le 15 septembre). Une brochure sera également diffusée via la presse people et TV, qui délivrera une information pratique sur les différentes méthodes contraceptives, leur coût, les lieux où se les procurer, les structures d'écoute et de conseil... Une ligne téléphonique gratuite (0800.235.236) sera ouverte sept jours sur sept de 8 heures à minuit. Les professionnels de santé auront à leur disposition un guide « Comment aider une femme à choisir sa contraception » et même un kit pour leur salle d'attente. Une affichette et des brochures affichent le même slogan : «Vous vous posez plein de questions sur la contraception? Ça tombe bien, ici on a plein de réponses?» Ça tombe bien, non ?
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