DEPUIS CINQ ANS, le réseau Bioadhésion-biocontamination de Biomat, association pour le développement des biomatériaux, réunit des chimistes, des biologistes et des médecins autour de cette problématique. Leurs travaux visent à mieux comprendre, afin de l'empêcher ou au contraire de la stimuler, la formation de biofilms, ensemble de micro-organismes adhérant entre eux sur une surface donnée. Le réseau, fort d'une quarantaine de laboratoires, s'est réuni récemment à Strasbourg, sous l'égide du Centre européen d'étude du diabète (Ceed), lequel est confronté à ces questions à travers sa participation à la mise au point d'un pancréas bioartificiel. Ce dernier est constitué par des greffes d'îlots de Langerhans encapsulés dans une membrane artificielle, qui répond donc à des critères extrêmement précis, notamment en matière de perméabilité, de souplesse et de biocompatiblité.
«Comme tous les biologistes travaillant sur les bio-organes, nous avons acquis un savoir-faire qu'il est dommage de ne pas partager avec d'autres branches d'activité confrontées aux mêmes problèmes», explique le Dr Alain Belcourt, directeur de la recherche du Ceed. Cela conduit donc les médecins et les biologistes à se rapprocher des chimistes et à créer ainsi de nombreuses passerelles entre le monde de la recherche fondamentale, de la santé publique et de l'agroalimentaire ou de l'entretien. «Les industriels nous connaissent trop mal, et nous connaissons trop mal leurs problèmes, alors que nous sommes complémentaires», expliquent les promoteurs du réseau.
Des recherches peu nombreuses.
Ce travail en réseau pluridisciplinaire a déjà permis de répondre à des défis aussi variés que la contamination des cathéters urinaires ou le stockage des salades et des fruits. Pourtant, alors que les nouveaux risques sanitaires, du prion aux virus mutants, en passant par les résistances microbiennes et les infections nosocomiales, suscitent de nombreuses craintes et que la demande de sécurité ne cesse de croître, les recherches sur la bioadhésion et la biocontamination, étroitement liées à ces sujets, restent encore trop rares. «Nous sommes très loin de tout connaître de ces domaines», souligne Gilbert Lejay, ingénieur au centre de transfert de technologies du Mans et président du réseau. En outre, l'application de la directive européenne Reach va obliger tous les producteurs de produits chimiques à revoir entièrement les risques potentiels de leurs substances, dont certaines seront interdites, avec là aussi des conséquences importantes en matière de bioadhésion, et donc d'hygiène et de contamination. Le réseau, qui tient un colloque tous les deux ans, estime que, à côté de ses recherches pures, certains de ses travaux pourront faire l'objet d'applications industrielles innovantes, et envisage de déposer plusieurs brevets dans ce sens.
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