DE NOTRE CORRESPONDANTE
CENT CINQUANTE BÉBÉS atteints chaque année du syndrome d'alcoolisation foetale (SAF), cinq cents touchés par les effets de l'alcoolisation. L'alcool fait des ravages dans le Nord - Pas-de-Calais. On y compte moins de buveurs réguliers qu'ailleurs, mais les quantités bues sont plus importantes. La région détient depuis longtemps les décès prématurés par alcoolisme et cirrhose. La grossesse n'échappe pas à cette consommation excessive. D'où la forte prévalence du SAF dans cette région.
Pour infléchir cette tendance, les acteurs de santé ont décidé de lancer un programme d'action en deux temps : d'une part, une sensibilisation des professionnels de santé, d'autre part, une information grand public. Depuis le mois de mai, l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie dispense des formations aux acteurs de terrain qui peuvent servir de relais pour toucher les femmes enceintes : assistantes sociales, infirmières, animateurs de centres sociaux… Deux cent cinquante personnes seront ainsi formées dans la région pour mieux aborder les représentations individuelles et collectives de l'alcool, ses effets sur l'enfant à naître, et les recommandations actuelles.
Un sujet encore tabou.
De son côté, l'union régionale des médecins libéraux (Urml) a entamé en avril une sensibilisation des médecins aux effets de l'alcoolisation foetale et aux modalités de repérage précoce. «Si les médecins connaissent le syndrome d'alcoolisation foetale, beaucoup méconnaissent l'ampleur du problèmeet les moyens de repérer les conduites à risque, estime Jean-Marc Rehby, président de l'Urml. Pour mieux les informer, nous avons une équipe de 5délégués qui rencontrent les 4600praticiens concernés. La difficulté pour les médecins est d'aborder cette question avec leurs patientes. Le sujet est encore un peu tabou, nous leur proposons donc une méthode adaptée à la consultation généraliste pour repérer l'alcoolisation.»
Parallèlement à cette sensibilisation, une campagne grand public sur le thème « Zéro alcool pendant la grossesse » sera lancée le 8 septembre. Affiches et brochures seront diffusées dans les pharmacies, les maternités et les cabinets médicaux. L'objectif est de sensibiliser les femmes aux risques d'une alcoolisation même occasionnelle, les dégâts pour le foetus pouvant survenir même à faibles doses.
Avec cette mobilisation de tous les acteurs concernés, la région espère diminuer sensiblement la prévalence du SAF, qui place le Nord - Pas-de-Calais en tête des régions les plus touchées, avec la Bretagne.
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