EN 2004, L'INVS, avec le soutien de l'Anrs a renouvelé l'enquête Presse Gay dans un contexte épidémiologique assez préoccupant, caractérisé par un nombre de découverte de séropositivité chez les homosexuels en progression et une recrudescence des infections sexuellement transmissibles (IST). Réalisée à partir d'un questionnaire, autoadministré et anonyme, de plus de cent questions, distribué dans seize revues identitaires et sur dix sites Internet communautaires, elle a permis d'inclure plus de 6 000 participants (4 749 via la presse et 1 435 via Internet).
Les premiers résultats publiés en 2005 (« le Quotidien » du 23 juin 2005) ont confirmé l'augmentation des comportements sexuels à risque, déjà constatée lors des précédentes enquêtes de 1997 et 2000. Le rapport final, coordonné par Annie Velter, en décrit l'évolution : l'utilisation du préservatif lors de la fellation, déjà marginale, n'a pas cessé de diminuer, quel que soit le type de partenaire. Les hommes interrogés via Internet, en général plus jeunes et d'un niveau d'études plus élevé, se protègent moins que ceux qui ont répondu via la presse (44 % contre 33 %). Ils sont 60 % à déclarer avoir eu des rapports non protégés avec des partenaires occasionnels de statut sérologique inconnu, quel que soit leur propre statut. Les pratiques de réduction des risques existent, mais restent marginales par rapport à ce qui est observé dans d'autres pays.
Un répondant séropositif sur dix indique avoir eu des rapports anaux non protégés exclusivement avec des partenaires également séropositifs. Même dans les relations stables, les risques de contamination existent : 65 % des participants à l'enquête qui ont d'autres partenaires sexuels déclarent au moins une pénétration anale non protégée avec leur partenaire stable.
«La norme du préservatif est en bout de course. Il existe probablement une lassitude de son utilisation, notamment pour les quadras qui en sont à vingt ans de vie sexuelle», explique Annie Velter. Dans un ouvrage édité par l'Anrs*, Michel Bozon et coll. montrent comment le rapport au risque s'est profondément modifié et, avec lui, la manière de considérer la prévention chez les homosexuels (voir entretien).
Anxiolytiques et antidépresseurs.
Outre la poursuite des comportements à risque, un élément du rapport final est particulièrement préoccupant. Les indicateurs décrivent une situation de mal-être et de souffrances psychiques chez les répondants, particulièrement chez les jeunes hommes. Près de la moitié des personnes interrogées indiquent avoir eu une dépression au cours de leur vie. Au cours des douze derniers mois, cet état est le plus souvent rapporté par les jeunes (26 % des moins de 25 ans et 15 % parmi leurs aînés). La prévalence des tentatives de suicide au cours de la vie est élevée (19 %) et en augmentation de 2 points entre 2000 et 2005. Une proportion «cinq fois plus importante que pour les hommes en population générale», estime Anne Velter. Les niveaux de consommation d'anxiolytiques ou d'antidépresseurs sont également élevés (23 et 14 % des personnes interrogées). La consommation d'antidépresseurs au cours des douze derniers mois est près de trois fois plus importante qu'en population générale (14 % contre 5 %). Même s'ils ont le sentiment que leur orientation sexuelle est mieux acceptée par l'entourage, un tiers des répondants déclarent avoir été victime d'actes homophobes dans l'année.
Par ailleurs, l'usage des substances psycho-actives est particulièrement élevé dans cette population. Il s'agit essentiellement de poppers (37 %) et de cannabis (28 %). L'ensemble de ces éléments témoigne d'un état de vulnérabilité qui nécessiterait une prise en charge psychologique plus systématique et plus adaptée.
* « Sexualité, relations et prévention chez les homosexuels masculins. Un nouveau rapport au risque », coll. Sciences sociales et sida, disponible gratuitement sur demande auprès de l'Anrs, www.anrs.fr.
Marche pour des droits
Comme chaque année depuis 2001, plus d'un demi-million de personnes sont attendues samedi à Paris à la Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi- et trans-, dans une ambiance festive. A travers le mot d'ordre de l'édition 2007 « Egalité : ne transigeons pas ! », les associations revendiquent en particulier l'amélioration du pacs plutôt que l'union civile et la création d'un statut de beau-parent, et elles ne renoncent pas au projet d'aboutir à l'ouverture du mariage et de l'adoption pour les couples du même sexe. Le départ du cortège est prévu à 13 heures à Montparnasse ; son arrivée, à 17 heures, place de la Bastille. En signe de solidarité avec les personnes vivant avec le VIH, une minute de silence sera observée à 16 heures précises.
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