DE NOTRE CORRESPONDANT
«LA PLACE DU MEDECIN traitant est essentielle, avance d'emblée le Dr Philippe Edan, médecin généraliste qui était invité par les organisateurs de cette Journée régionale des réseaux de cancérologie de Bretagne à faire part de son expérience. Elle est désirée souvent, particulièrement quand il est à l'origine du diagnostic. Il faut bien voir que le médecin traitant fait entrer son patient dans une histoire. On se place alors dans une relation authentique, dans le domaine de la vérité. Mais la relation ne peut se faire dans la confiance et dans la sérénité que quand le médecin a accès à l'information en temps réel. D'où l'importance du réseau.»
L'ensemble des participants a semblé d'accord avec cette introduction, d'autant qu'elle souligne le problème majeur : la circulation des informations. Une circulation qui renvoie à la culture propre de chaque professionnel de santé. «Des patients ne me sont pas adressés directement par leur oncologue, regrette une généraliste. Dans la plupart des cas, ils viennent me voir seulement quand se pose un problème.»
Cette question est également relevée par le Dr Jean-Paul Malaper, médecin généraliste à Plumergat (Morbihan) et médecin coordinateur du réseau Oncovannes : «Les médecins généralistes se sentent mis à l'écart. Une fois détectés et identifiés, les patients sont pris en charge par les services d'oncologie ou par les oncologues. Le médecin traitant n'est resollicité qu'en cas de problème imprévu non anticipé par les oncologues ou en phase terminale en cas de retour à domicile. Aujourd'hui, les oncologues impliquent très peu le médecin traitant dans la prise en charge du patient cancéreux. En dehors des courriers, des conclusions de RCP, il y a très peu de communication, ce qui est ressenti comme une communication top-down par les médecins généralistes.»
La place du médecin traitant et son degré d'implication sont liés – cela a été à plusieurs reprises évoqué – au fait que ce dernier ne rencontre pas beaucoup de situations de cancer. En moyenne de deux à quatre cas par an. «Heureusement, estime une participante. Mon rôle n'est pas celui d'un spécialiste. Mon seul problème est de recevoir la fiche des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) vite.» Des propos appuyés par l'intervention d'un autre médecin : «L'oncologue n'a pas forcément toute l'information sur les antécédents.»«Cette absence d'information peut enclencher toute une batterie d'examens supplémentaires, note un autre participant. Le généraliste, au vu de la connaissance qu'il a du patient, peut justement éviter cela.»
Chef d'orchestre des soins.
«Les médecins généralistes souhaiteraient pouvoir apporter des informations sur le patient aux confrères spécialistes qui vont décider du traitement, résume le Dr Malaper. Des fiches de renseignement ne pourraient-elles pas circuler avant la RCP? D'une manière plus large, on peut dire que les médecins traitants demandent, pour faciliter cette transmission de l'information, une fiche traitement (avec les effets secondaires, des consignes sur le traitement ou non des effets indésirables) , des protocoles préétablis (toxicité protocole et conduite à tenir) , en ligne sur le site Internet du réseau, donc accessibles sept jours sur sept. Et, enfin, il faudrait qu'ils puissent connaître la date de passage en RCP de leurs patients…»
Ce sont quelques pistes qui permettraient au médecin généraliste de «reprendre son rôle de chef d'orchestre des soins», comme le souhaite une représentante d'une association de patients. Reste à savoir comment et si les réseaux peuvent aider les généralistes à s'impliquer davantage.
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