Drogue au volant

Expérimentation de tests salivaires

Publié le 11/06/2007
Article réservé aux abonnés

DES KITS EXPÉRIMENTAUX de détection salivaire des drogues ont été livrés à la fin du mois de mai aux forces de l'ordre, qui devraient les tester prochainement, rapporte l'hebdomadaire « Auto Plus ». Des policiers et des gendarmes vont exercer des contrôles de dépistage de différentes substances illicites aux abords des discothèques et des lieux de raves parties. En marge des tests urinaires et de la prise de sang nécessaire en cas de résultat positif, les personnes contrôlées et en infraction seront soumises à un test salivaire. L'expérimentation vise à déterminer le produit le plus fiable parmi les cinq qui concourent à l'appel d'offres, « en mode de dialogue compétitif », lancé par le ministère de l'Intérieur en avril 2006, confirme au « Quotidien » la direction de la Sécurité routière au ministère des Transports. La mesure s'inscrit dans la loi du 3 février 2003 qui instaure un délit de conduite sous l'empire du cannabis (trois ans de prison, 9 000 euros). Toute personne qui refuse de se soumettre à un dépistage encourt deux ans d'incarcération, 4 500 euros d'amende et une suspension du permis de trois ans au maximum.

Efficacité et fiabilité.

La mise au point d'un test salivaire efficace est une préoccupation des pouvoirs publics : les tests urinaires sont difficiles et coûteux à réaliser sur le terrain car ils nécessitent la présence d'un médecin. Or, à l'échelon européen, le rapport Rosita, remis à la Commission de Bruxelles à la fin 2006, affirme qu'aucun test salivaire n'est reconnu comme fiable. Le meilleur à ce jour n'est efficace qu'une fois sur deux (« le Quotidien » du 20 mars). Une étude Inserm sur le sujet, conduite avec l'Institut national de recherche et d'étude sur les transports et leur sécurité (Inrets), montre que la fiabilité n'est «pas évidente du tout» pour le cannabis. En effet, si les traces d'alcool disparaissent dans des délais raisonnables et mesurables, le temps d'élimination du cannabis est variable et peut aller jusqu'à une semaine. En revanche, l'enquête Inserm met en évidence le risque accru de conduire un véhicule quand le cannabis est associé à l'alcool.

Sur une base annuelle de 6 000 accidents mortels de la route entre octobre 2001 et septembre 2003, le nombre de victimes du au cannabis est de 230 morts, précise un travail coordonné par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Onze pour cent des conducteurs de moins de 25 ans prennent le volant après avoir fumé un joint, contre 2,9 % pour l'ensemble des automobilistes.

> PHILIPPE ROY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8183