VIOL, ACTE de pédophilie, vol ou violence volontaire, de nombreux cas d'abus sont répertoriés chaque année, suite à l'administration de substances psychoactives à l'insu d'une personne. Pour lutter contre ce type de pratique, un groupe de travail interministériel a été installé en 1997, piloté par la Direction générale de la santé (DGS). En 2003, l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) a mis en place une enquête prospective annuelle, dont les données sont rassemblées par son réseau de vigilance, le Ceip (Centre d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance), en collaboration avec les services hospitaliers concernés. Les résultats de cette première enquête nationale (octobre 2003-mars 2005) ont permis de lancer un travail de prévention auprès des professionnels de santé et du grand public, et la composition de certains médicaments susceptibles d'être utilisés à des fins criminelles a été modifiée.
Les femmes, principales victimes.
Ce sont les résultats de la deuxième enquête nationale que rend publics l'Afssaps : 316 cas de soumissions chimiques ont été recensés en France entre avril 2005 et mai 2006. Dans 94 cas (30 % du total), il s'agit de cas de soumission chimique avérée. Les victimes ont été droguées à leur insu à des fins criminelles et la substance psychoactive a été identifiée formellement. En moyenne âgées de 33 ans, les victimes, en majorité des femmes, ont subi des agressions sexuelles dans 43 % des cas ou des vols (38 %), à leur domicile ou dans des ambiances festives. En général, ajoutées à des boissons, les substances le plus souvent utilisées sont des anxiolytiques et des hypnotiques. Dans certains cas, plus rares, des anesthésiques comme le GHB (gamma-hydroxybutyrate), encore appelé «drogue du viol», sont également utilisés. Les symptômes décrits par les victimes sont des pertes de mémoire, des troubles de la vigilance ou encore des lésions traumatiques et des troubles de la vue.
D'autres variantes de la soumission chimique ont été également répertoriées à travers cette enquête. Dans onze cas, c'est sous la menace que les victimes, des femmes, âgées en moyenne de 32 ans, ont été contraintes d'absorber une substance psychoactive, avant de subir une agression sexuelle. Dans 31 cas, les médicaments psychoactifs, prescrits ou non, ont été pris volontairement, souvent (20 cas) en même temps que de l'alcool, du cannabis ou du crack, ce qui en a augmenté les effets sédatifs ; et les agresseurs en ont profité pour perpétrer le plus souvent une agression sexuelle. Dans 56 cas, ce sont des substances psychoactives non médicamenteuses qui ont été absorbées par des femmes jeunes (23 ans en moyenne), ce qui les a rendues vulnérables aux agressions, toujours majoritairement à caractère sexuel. Les autres cas sont non confirmés par les analyses toxicologiques (64 cas) ou non interprétables en l'absence d'éléments cliniques ou toxicologiques formels (60 cas).
Un colorant dans le médicament.
Face à ce problème devenu européen, les actions de prévention doivent se développer et il faut «accélérer le combat», a souligné Nathalie Richard, responsable de l'unité Stupéfiants et Psychotropes de l'Afssaps. Pour améliorer l'évaluation, l'Agence a publié une liste des laboratoires prêts à participer à la prochaine enquête, qui sera reconduite chaque année. Pour permettre aux victimes potentielles de repérer l'administration d'une substance à leur insu, il serait souhaitable de modifier la composition du médicament en y ajoutant par exemple un colorant, comme cela a été fait pour le Rohypnol, ou un amérisant. L'Afssaps a déjà interdit la mise sur le marché d'un hypnotique effervescent qui ne laisse aucune trace après la prise. Un groupe de travail « Recommandations galéniques et prévention du détournement des médicaments » s'efforcera, entre autres, d'évaluer au cas par cas les médicaments identifiés comme les plus à risque de soumission chimique.
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