Le dépistage de la dénutrition est simple – encore faut-il le faire. Il suffit de peser la personne et d'estimer la perte de poids par rapport au poids usuel (que les patients connaissent, la plupart du temps).
Ainsi, on parle de dénutrition (chez les personnes de plus de 70 ans) face : soit une perte de poids supérieure ou égale à 10 % par rapport à la valeur antérieure connue, soit à une perte de poids supérieure ou égale à 5 % en un mois ou 10 % en six mois, soit à un IMC inférieur ou égal à 21 kg/m2 (et non pas 18 kg/m2, seuil admis chez les plus jeunes).
Le dosage de l'albuminémie peut être utilisé pour affiner le diagnostic : un taux inférieur à 35 g/l témoigne d'une dénutrition modérée, un taux inférieur à 30 g/l, d'une dénutrition sévère, et un taux inférieur à 25 g/l, d'une dénutrition grave.
Sensibiliser les médecins
Or, comme le confirme une enquête nationale (auprès des médecins généralistes et du public), le dépistage de la dénutrition reste insuffisant en France. Bien que 83 % des praticiens soient conscients de l'importance de ce dépistage, un tiers d'entre eux avouent ne pas peser régulièrement leurs patients âgés. De plus, la gravité de la dénutrition semble quelque peu sous-estimée. Si certaines pathologies comme les escarres ou le cancer font facilement évoquer un risque de dénutrition, tel n'est pas toujours le cas d'une démence, d'un état dépressif ou simplement d'un changement de vie. Majoritairement, les médecins, pour poser le diagnostic de dénutrition, se réfèrent au calcul de l'IMC, au pourcentage de perte de poids et à la biologie ; mais 37 % ne connaissent pas le seuil de normalité de l'IMC chez les plus de 70 ans. Enfin, 93 % des généralistes sont persuadés de l'efficacité d'une complémentation orale dans la prise en charge de la dénutrition ; alors qu'un tiers seulement des patients à risque de dénutrition bénéficient de ce traitement.
L'information des patients reste un point essentiel de la lutte contre la dénutrition, tant les idées fausses dans ce domaine sont persistantes. Le volet grand public de l'enquête nationale révèle que deux personnes sur trois pensent que, « passé un certain âge, il est normal de manger moins » et une sur deux, qu' « il est normal de perdre du poids en vieillissant » ; enfin, 60 % des sujets âgés ne mangent pas de protéines tous les jours. Une personne de plus de 70 ans sur deux a été alertée par son médecin sur les risques de la dénutrition (mais une sur deux ne l'a pas été). Pourtant – et ce sont peut-être les premiers résultats des campagnes d'information des années précédentes –, 90 % des personnes interrogées savent qu'il faut signaler au médecin toute perte de poids.
* Parrainée par Nutricia Nutrition clinique.
Nutri'Mission
Pour la 3e année consécutive, les médecins sont invités pendant une semaine à effectuer un dépistage systématique de la dénutrition chez leurs patients de plus de 65 ans, en ville comme en maison de retraite. Le public est alerté par voie de presse, par une campagne d'affichage dans les cabinets médicaux et dans les pharmacies. L'opération est soutenue par Nutricia Nutrition clinique.
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