LES PREMIERS résultats du bilan à 20 ans (1985-2004) du registre dijonnais, unique en France, dédié à l'enregistrement continu et exhaustif des AVC (accidents vasculaires cérébraux), ont déjà partiellement été publiés (« le Quotidien » du 10 mai 2006). Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » en fournit cette semaine une analyse plus fine. Elle confirme que, entre 1985 et 2004, 3 122 cas de nouveaux AVC (1 493 chez les hommes et 1 629 chez les femmes) ont été recensés, dont 85 % au CHU, 10 % en clinique et 5 % à domicile. Le nombre absolu de cas incidents a augmenté au cours de la période, passant de 741 entre 1985-1989 à 753 entre 1990-1994, 801 entre 1995-1999 et 827 entre 2000-2004, une évolution due au vieillissement de la population. «Ce constat soulève des interrogations pour l'avenir en termes de prise en charge thérapeutique et d'organisation des soins, en raison de la part croissante des personnestrès âgées dans la populationfrançaise», indiquent le Pr Maurice Giroud (CHU Dijon) et ses coll. Malgré les progrès diagnostiques et thérapeutiques majeurs, les AVC restent en France la première cause de handicap, la deuxième cause de démence et la troisième cause de mortalité. Il s'agit de la première complication de l'hypertension artérielle dont la prévention primaire et secondaire a démontré son efficacité.
Inversion de tendance.
Les taux d'incidence standardisés au cours de la période peuvent être considérés comme stables, ce qui contraste avec deux études récentes, anglaise et australienne, qui, elles, ont observé une baisse des taux standardisés. L'hypothèse la plus probable, selon les auteurs, tient aux différences entre les systèmes de soins qui ont permis à «la population française de bénéficier d'un accès à la prévention plus précoce et plus adapté», la baisse d'incidence ayant précédé la création du registre en 1985.
«Après une tendance générale au déclin des taux d'incidence des AVC dans les pays occidentaux, expliquent les auteurs, il semblerait qu'on assiste depuis le début des années 1990 à une stabilisation, voire à une inversion, des tendances séculaires.» Une évolution qui pourrait être liée à une meilleure identification des AVC mineurs grâce à la généralisation des scanners et à l'arrivée de l'IRM. L'hypothèse n'est toutefois pas confirmée par l'étude des variations temporelles de l'incidence des sous-types d'AVC. Les infarctus cérébraux par atteinte des grosses artères restent majoritaires (1 449, 46,4 %), devant les infarctus cérébraux lacunaires (513, 16,4 %), les infarctus cérébraux d'origine cardio-embolique (348, 11,1 %), les hémorragies cérébrales (74, 2,4 %) et méningées. Les taux d'incidence des infarctus lacunaires ont significativement augmenté, notamment à partir de la période 1995-1999, période qui correspond à la généralisation de l'IRM ; les taux d'incidence des infarctus cardio- emboliques ont en revanche diminué et ceux des autres sous-types sont restés stables.
Une évolution contrastée qui semble indiquer que la hausse d'incidence des infarctus lacunaires est bien réelle et peut s'expliquer seulement par le changement des conditions de diagnostic. «Ces résultats soulignent l'importance des efforts qui restent à réaliser dans la prévention du risque vasculaire, en recrudescence avec le diabète, l'obésité et le tabagisme chez les jeunes», soulignent les auteurs.
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