Une campagne sur le don d'organes

France Adot s'en remet aux jeunes

Publié le 25/04/2007
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LA POPULATION des jeunes en âge d'aller voter est décidément très courtisée. Après la fondation Greffe de vie, qui lançait une campagne d'information en octobre dernier pour interpeller le public jeune, France Adot propose à son tour de sensibiliser les 18-25 ans à travers deux spots télévisés. «Ce sont les meilleurs vecteurs d'information, explique la présidente de France Adot, Marie-Claire Paulet. Ce sont eux qui peuvent lancer le dialogue au sein de la famille. Il faut les inciter à prendre position sur le don d'organes.»

Une enquête menée l'an dernier par l'Agence de la biomédecine démontre que 84 % d'entre eux y seraient favorables et que 70 % seraient d'accord pour que l'on prélève leurs organes en cas de décès. Une majorité d'entre eux soulignent cependant leur manque de connaissances sur les modalités concrètes du don et expriment le souhait d'être mieux informés avant de s'engager. Les deux spots télévisés, conçus par l'agence CLM BBDO pour France Adot, informent moins qu'ils n'incitent à la réflexion. Longs de trente secondes et gracieusement diffusés sur les chaînes (M6, Canal+, W9 et autres «chaînes jeunes» du câble et du satellite), ils ne plairont pas à tout le monde. «Nous n'avons pas voulu faire de la communication bien pensante sur le don de soi. Nous avons choisi au contraire de faire passer un message brut qui interpelle», souligne l'un des responsables de l'agence.

Sauver des vies sans prendre de risques.

Dans le premier spot, on voit un homme se précipiter dans une maison en feu pour tenter de sauver des vies : après quelques minutes, il ressort seul et bredouille face à des badauds qui paraissent déçus de son sauvetage inefficace. Le message s'inscrit : «Ne prenez pas de risques, attendez d'être mort pour sauver des vies.» Sur le même ton, le deuxième film décline le même scénario à partir d'une noyade en mer. «Les spots représentent un symbole, celui de dire qu'avec une carte de donneur, chacun de nous peut sauver quatre ou cinq personnes sans risquer sa vie, explique le Pr Christian Cabrol. C'est vrai que c'est beau de risquer sa vie, mais c'est encore plus beau d'avoir ce geste de générosité sans la risquer. La greffe, c'est une technique extraordinaire. Il faut en parler en famille car on a la preuve que ça marche quand les gens sont suffisamment bien informés. Nous en avons un exemple en Espagne, où le don d'organes est très répandu. Le don d'organes, c'est la glorification de la mort!», s'exclame le chirurgien greffeur.

Créé en 1969 à l'initiative du Pr Jean Dausset, France Adot rassemble 1 400 bénévoles. «Nous avons été les premiers à proposer une Journée nationale du don d'organes en mai 1996», rappelle fièrement Marie-Claire Paulet. L'an dernier, 4 426 greffes ont été réalisées en France, soit une augmentation de 38 % par rapport à 2000. Mais la pénurie persiste : sur les 12 400 personnes qui ont eu besoin d'une greffe d'organes en 2006, 229 sont décédées faute d'avoir été greffées à temps. Du 15 au 25 juin prochain, les bénévoles des Adot seront à nouveau «les acteurs fidèles d'un rendez-vous pour la promotion du don de soi». «Cette année, nous lançons le défi “5 000 liens pour le don d'organes” . L'objectif de ce challenge est de rechercher un maximum de sites ou de blogs auprès des commerçants, des collectivités, des associations, des particuliers, acceptant de mettre un lien sur le site france-adot.org, à l'occasion de la Journée nationale du 22juin», explique la présidente de la fédération. Le recrutement est ouvert.

Des candidats à la greffe

La fondation Greffe de vie, qui appelle à «voter pour le don d'organes», a décidé de présenter des candidats à la greffe aux côtés des candidats à l'élection présidentielle. Des opérations de «guérilla marketing», réalisées par des équipes de bénévoles, de militants, mais aussi de personnes greffées ou en attente, consistent à coller les affiches des «candidats à la greffe» sur les panneaux électoraux consacrés à la présidentielle. La fondation Greffe de vie estime que le don d'organes et la greffe doivent être reconnus comme une grande cause nationale. Tous les candidats à la greffe «sont engagés, enthousiastes, généreux, porteurs d'espérance. Tous sont candidats, mais ils n'ont pas choisi leur investiture. Leurs vies sont en jeu», peut-on lire sur les affiches.

> STÉPHANIE HASENDAHL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8155