«IL N'Y A de résultats que ceux qu'on peut mesurer», avait déclaré Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, lors de sa prise de fonctions en janvier 2007. Son organisation s'est engagée à surveiller et à évaluer les différentes interventions mises en oeuvre pour lutter contre la pandémie. Le rapport de situation qu'elle publie, en partenariat avec l'Onusida et l'Unicef, est le premier d'une série qui, chaque année, doit dresser un bilan des progrès accomplis et de ceux qui devront l'être pour atteindre l'objectif que se sont fixés les Etats membres de l'Organisation des Nations unies, en juin 2006, à savoir un «accès universel à la prévention, au traitement, au soin et aux services d'appui», d'ici à 2010.
Résultats encourageants.
Le document, intitulé « Vers un accès universel : étendre les interventions prioritaires liées au VIH/sida dans le secteur de la santé », estime que des «résultats encourageants» ont déjà été obtenus. En décembre 2006, un peu plus de 2 millions de personnes infectées par le virus bénéficiaient d'un traitement antirétroviral dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, soit 28 % des quelque 7,1 millions de celles qui en avaient besoin. Par rapport au 1,3 million de personnes traitées l'année précédente dans ces pays, la hausse est de 54 %. Quelque 700 000 ont reçu le traitement pour la première fois au cours de l'année.
Les progrès touchent toutes les régions, mais à des degrés divers.
En Afrique subsaharienne, ce sont plus de 1,3 million de personnes qui désormais suivent un traitement antirétroviral, soit une couverture de 20 %, alors que, il y a trois ans, ils n'étaient que 100 000 pour une couverture d'à peine 2 %.
En Asie de l'Est et du Sud-Est, 280 000 personnes sont traitées avec une couverture de 19 %, quatre fois supérieure à celle de la fin 2003. En Amérique latine et dans les Caraïbes, le nombre de personnes traitées est de 355 000 contre 210 000 en 2003, avec une couverture globale de 72 % qui «semble s'approcher de l'accès universel», notent les experts. En Europe orientale et en Asie centrale, malgré une hausse importante (35 000 personnes traitées contre 15 000 fin 2003), la couverture n'est que de 15 %. Mais l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient restent la région où elle est la plus faible : seulement 6 % avec 5 000 personnes traitées sur les 77 000 qui en ont besoin.
Le plan d'urgence des Etats-Unis pour l'aide à la lutte contre le sida (Pepfar) et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ont contribué à plus de la moitié des mises sous traitement (1 265 000 personnes). Les programmes américains ont assuré le traitement de 987 000 personnes à la fin de 2006 ; ceux du Fonds mondial, celui de 770 000 personnes , alors que 492 000 personnes ont bénéficié de programmes financés par les deux initiatives.
Des «efforts conjugués des donateurs des nations concernées, des institutions des Nations unies, des responsables de la santé publique permettent d'élargir sans cesse l'accès aux services», a déclaré le Dr Chan. Toutefois, a-t-elle fait remarquer, «nous n'en sommes encore qu'aux premiers pas. Nous avons besoin de programmes nationaux ambitieux, d'une mobilisation mondiale plus forte et d'une responsabilisation accrue, si nous voulons réussir». Malgré les progrès significatifs obtenus, d'importants efforts devront être déployés dans certains domaines identifiés dans le rapport.
115 000 enfants traités.
«Les enfants restent la face cachée de la pandémie», a ainsi regretté Ann M. Veneman, directrice de générale de l'Unicef. A la fin de 2006, 115 000 seulement avaient accès à un traitement, alors que 780 000 des 2,3 millions d'enfants âgés de 0 à 14 ans qui vivent avec le VIH, la plupart (presque 90 %) en Afrique subsaharienne, auraient dû être traités. Malgré la hausse de 50 % par rapport à 2005, la couverture des enfants, évaluée à 15 %, est nettement inférieure à la couverture globale (28 %). La prévention de la transmission mère-enfant reste, elle aussi, faible : environ 220 000 des 2 millions de femmes enceintes qui vivent avec le VIH ont reçu une prophylaxie, soit une couverture de 11 %. Insuffisantes encore, la couverture des services de dépistage et de conseil ou celle des activités de prévention et de traitement destinées aux consommateurs de drogues injectables. L'accès au dépistage et au conseil doit encore être développé : 10 à 12 % seulement des hommes et des femmes en bénéficient.
Tous ces points font l'objet de recommandations. Le rapport insiste sur l'importance de la circoncision masculine en tant que moyen supplémentaire de prévenir l'infection à VIH, surtout dans les pays à forte prévalence, où la transmission se fait principalement par voie hétérosexuelle et où la pratique est encore faible. Enfin, la pérennité des financements multilatéraux ou bilatéraux devra être assurée. Selon les schémas thérapeutiques utilisés, le prix de la plupart des antirétroviraux de première intention a baissé de 37 à 57 % entre 2003 et 2006 et de 10 à 20 %, entre 2005 et 2006. La «baisse a sensiblement contribué à élargir l'accès au traitement» dansles pays à revenu faible ou intermédiaire,mais la demande de thérapies de deuxième intention continuera de croître. «Si l'on ne parvient pas à faire baisser fortement les prix, les contraintes budgétaires pourraient compromettre l'avenir des programmes», conclut le rapport.
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