C'EST GRÂCE à l'initiative d'Yves Créhalet, auteur du « Masque de la Chine »*, collectionneur passionné et commissaire de l'exposition, aux côtés de Jacques Lebrat, que sont réunis ces masques anciens des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cette manifestation est un voyage au coeur de l'univers mystérieux des rites sacrés chinois et, notamment, celui de l'exorcisme que l'on pratiquait lors des processions, des danses et des représentations théâtrales qui présidaient au rituel du Nuo.
Pratiqué depuis les temps néolithiques, le Nuo consistait à expulser les démons du foyer et à s'octroyer la protection divine. Au cours de grandes cérémonies populaires, les villageois arboraient leurs masques richement décorés, qu'ils promenaient dans de longs cortèges colorés et dansants. Ces «faux visages», tantôt grimaçants et grotesques, tantôt sévères et imposants, extrêmement expressifs, représentent le juge des enfers, un valet facétieux, un démon, le dieu de la guerre ou du tonnerre…
C'est particulièrement sous les dynasties Tang (du VIIe au Xe siècle) et Song (du Xe au XIIIe siè-cle) que le rituel du Nuo devint un divertissement et une expression artistique à part entière. Des représentations comiques s'intégrèrent même aux parades et firent du Nuo une tradition de spectacle de rue.
L'opéra chinois, né au XIXe siècle, est l'héritier direct de ce théâtre chanté et dansé.
La révolution culturelle chinoise s'accompagna d'une destruction massive d'un grand nombre de masques de Nuo. Mais, depuis plus de vingt ans, ces chefs-d'oeuvre du patrimoine suscitent un regain d'intérêt et se voient protégés, restaurés et réhabilités.
* Editions Actes Sud, 35 euros.
Musée Jacquemart-André. 158, boulevard Haussmann, Paris 8e. Tél. 01.45.62.11.59. Tlj de 10 h à 18 h. Jusqu'au 26 août.
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