MG-FRANCE SOUHAITE interpeller la population et les candidats à la présidentielle sur la chronique d'une catastrophe annoncée. Le syndicat dépeint un tableau d'une profonde noirceur. «Aujourd'hui, 23000omnipraticiens ont plus de 55ans, commente le Dr Martial Olivier-Koehret, président de MG-France. L'âge moyen d'installation est de 39ans et les jeunes se détournent de plus en plus de la spécialité... Douze mille généralistes manqueront en 2017 et 23000 en 2025. Les villes sans médecin vont se multiplier. Alors que la campagne électorale bat son plein, c'est le moment de se poser les vraies questions. Que ferons-nous pour être soignés demain?»
Devant les journalistes et les conseillers santé de Ségolène Royal (PS) et de François Bayrou (UDF) – celui de Nicolas Sarkozy (UMP), également invité, était absent –, le Dr Koehret a énuméré douze propositions. MG-France souhaite redonner aux jeunes l'envie d'exercer la médecine générale. Le syndicat plaide pour la création de maisons de santé qui regrouperaient les généralistes et d'autres professionnels : infirmières, kinés... Il revendique «l'équité de rémunération entre les spécialistes de médecine générale et les autres spécialistes». «Nous soutiendrons tous les généralistes qui coteraient comme les spécialistes», affirme Martial Olivier-Koehret.
MG-France prône par ailleurs une diversification des modes d'exercice de la médecine générale ( via le salariat ou le temps partiel) et souhaite la mise en place de forfaits ; le syndicat milite également en faveur du «développement d'une couverture sociale, assurantielle et retraite» pour les professionnels en exercice. Afin de garantir à tous les Français le même accès à des soins de qualité, MG-France propose de généraliser «l'affichage des tarifs» et «l'amélioration des remboursements en cas de respect du parcours de soins».
Le premier syndicat d'omnipraticiens réclame «des mesures financières incitatives pour les généralistes qui s'installent ou exercent dans des zones difficiles», même s'il estime que le bonus de 20 % auquel pourront prétendre les généralistes exerçant dans un cabinet de groupe dans une zone déficitaire n'est pas la panacée.
Enfin, MG-France se dit favorable au développement de la «promotion de l'action des généralistes dans la prévention des grands risques de santé publique, maladies cardio-vasculaires, obésité, cancers» pour optimiser les dépenses de santé.
Des cartes rebattues.
La présentation de cette plate-forme par MG-France, en présence de ses partenaires de l'Intersyndicale majoritaire (FMF, Espace Généraliste et Uccmsf), est perçue comme un tournant par les opposants à la convention qui entendent peser à nouveau dans le dispositif conventionnel dont ils sont écartés depuis plus de deux ans. «C'est le moment où jamais de savoir où les politiques veulent nous conduire,explique le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF. Je n'ai pour l'instant pas reçu de message clair des uns et des autres. Nous avons envoyé une liste de dix questions à tous les candidats. J'espère que nous aurons des réponses et qu'elles nous permettront de nous y retrouver.»
Le Dr Olivier-Koehret estime pour sa part que, au regard des enjeux de demain, «les futurs gouvernants devront créer un nouveau cadre pour donner les moyens aux soins primaires». «Les cartes seront rebattues et nous sommes prêts à jouer notre rôle», ajoute-t-il. «Nous n'attendons pas une alternance politique, mais une intelligence politique de la part de ceux qui seront aux affaires, avance prudemment le Dr Claude Bronner, président d'Espace Généraliste. De toute façon, la convention n'ira pas à son terme telle qu'elle est.»
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