ILS ÉTAIENT ATTENDUS au tournant par les nombreux médecins qui avaient tenu à assister à la séance inaugurale du MEDEC.
Organisée par « le Quotidien du Médecin » et la Csmf, cette réunion a permis aux candidats à l'élection présidentielle, ou à leurs représentants – seul, parmi les candidats, François Bayrou était présent –, de tenter de convaincre les médecins que leur programme de santé était à même d'améliorer le niveau de la santé, sans mettre à mal les finances de l'assurance-maladie.
Exercice difficile s'il en est, mais qui a permis aux différents intervenants de se prononcer sur le C à 23 euros et de rassurer les médecins généralistes. Qui n'en attendaient pas moins. Même si on a senti quelques hésitations du côté des socialistes et des Verts. Pour le Dr Jean-Marie Le Guen, représentant de Ségolène Royal, le directeur de l'Uncam est «un proconsul». Mais, dit-il, les difficultés actuelles de la négociation tarifaire sont de la responsabilité du gouvernement qui, lors de la discussion du dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale, n'a pas fait voter des crédits qui auraient permis à l'assurance-maladie de donner satisfaction aux médecins. «Il est scandaleux d'entendre aujourd'hui le ministre de la Santé s'insurger contre le refus de l'Uncam sur leC à 23euros, alors qu'il ne lui a précisément pas donné les moyens de satisfaire le revendications des médecins», a expliqué Jean-Marie Le Guen. Au passage, il s'insurge contre certains procès faits à la rémunération des médecins. «Les niveaux de rémunération des médecins ne sont pas scandaleux, comparés à ceux des autres catégories sociales», dit-il.
Pour André Cicolella, du mouvement des Verts, la revendication des généralistes peut paraître légitime, mais le représentant de Dominique Voynet se prononce pour des modes de rémunération sous forme de forfaits complémentaires.
Une position que l'on retrouve chez le Dr Michel Limousin, représentant de Marie-George Buffet, pour qui il faut trouver certes des rémunérations alternatives, mais surtout limiter les libertés d'honoraires qui peuvent pénaliser un certain nombre de patients.
François Fillon, proche de Nicolas Sarkozy, utilise un ton plus ferme. «On a décidé que leC serait aligné sur le CS. Ce principe doit être tenu», assure M. Fillon. Quant à François Bayrou, il est tout aussi péremptoire «Cela a été décidé, cela doit être fait», dit-il, et «je ne comprends pas, poursuit-il, pourquoi l'assurance-maladie ne suit pas.»
Autre dossier d'importance traité : celui de la régionalisation du système de santé. Tous les participants sont favorables à ce principe, là aussi avec quelques nuances. Le Dr Limousin estime qu'il est important que les problèmes de santé qui diffèrent d'une région à l'autre soient traités au niveau local, mais il convient que le financement reste national afin que de nouvelles inégalités n'apparaissent pas. André Cicolella pense fermement que la régionalisation est essentielle à la politique de santé du pays. «Les problèmes ne se traitent pas de la même façon en Alsace, dans le Nord-Pas-de-Calais et en Midi-Pyrénées»,dit-il. Et de préconiser un conseil régional de santé avec trois collèges distincts (assurés et associations de patients, élus locaux, professionnels de santé) qui pourraient décider ensemble une politique régionale en la matière.
Conseils régionaux de santé que François Bayrou appelle de ses voeux, du moins dans leur principe. «Il ne faut pas, dit-il, que les décisions tombent toujours d'en haut», c'est-à-dire du pouvoir central vers les collectivités locales.
Pour le Parti socialiste et Jean-Marie Le Guen, il faut renforcer les soins de proximité, mais si cela passe par une politique de régionalisation, cela doit également passer par un renforcement de la coopération entre la médecine de ville et l'hôpital, notamment au niveau local et au niveau régional.
La politique hospitalière a été abordée, trop succinctement, par l'ensemble des participants à ce débat. Le représentant de Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois fustigé les 35 heures qui ont désorganisé, dit-il, ce secteur d'activité, mais il s'est déclaré favorable au maintien des hôpitaux locaux, tout comme le représentant des Verts.
Enfin, on ne manquera pas de noter, et c'est nouveau à ce niveau de la réflexion, que la plupart des intervenants, quelle que soit leur couleur politique, ont mis en avant, comme le ministre de la Santé un peu plus tard, l'importance de la santé dans la richesse nationale et la croissance : la santé n'est pas uniquement cause de dépenses et de déficits mais aussi source de progrès et de richesse.
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