DEUX MEDECINS seulement, sur les 760 qui ont répondu au questionnaire du « Quotidien » sur la vocation, parlent «d'erreur de jeunesse» pour qualifier leur choix. Dans les commentaires dont les répondants n'ont pas été avares, beaucoup critiquent les difficultés de l'exercice actuel, la dégradation des conditions de travail, les contraintes administratives, l'absence de considération, le consumérisme des patients, la judiciarisation… l'on en passe. Mais la majorité reste passionnée par ce «beau métier», comme le disent plus volontiers les femmes. Aujourd'hui, les praticiens sont en majorité satisfaits (30 % très satisfaits et 43 % plutôt satisfaits) d'avoir choisi la médecine ; 11 % seulement regrettent beaucoup leur choix. Et si c'était à refaire, 67 % le referaient.
Ce choix, 25 % d'entre eux l'avaient fait avant même d'entrer au collège et 32 % pendant leurs années d'enseignement secondaire. Influencés souvent par l'exemple d'un parent (30 %) ou du médecin de la famille (33 %), ils ont rêvé de devenir médecin pour venir en aide aux autres et par intérêt pour les soins, principalement ; et quasiment jamais par défaut, à l'inverse de ce qui se passe dans nombre de professions. Ils ont rêvé de devenir médecin alors qu'ils étaient, dans les deux tiers des cas au moins, conscients de la difficulté de la sélection (67 %) et de la longueur des études (79 %). En revanche, 33 % seulement avaient une idée des contraintes de la profession. La déception n'est pas pour autant nécessairement au rendez-vous : 11 % disent que l'exercice qu'ils ont aujourd'hui correspond tout à fait à ce dont ils rêvaient, 35 % qu'il y correspond globalement et 37 %, qu'il y correspond en partie. Il reste tout de même 18 %* de déçus, pas loin d'un médecin sur cinq. De la même façon, on peut relever, côté noir, que 34 % de ceux qui ont répondu au questionnaire ne choisiraient pas de nouveau la médecine si c'était à refaire. Et, témoins parlant de la dégradation de l'exercice, 55 % déconseilleraient ce choix à leurs enfants.
Mais laissons-leur la parole (pages 14 et 16). La plus jeune a 28 ans et vient d'entrer dans la carrière. Le plus âgé est hors concours puisqu'il «s'est amusé» à répondre bien qu'il n'exerce plus : il a 92 ans et ses six premiers mois de médecin, il les a passés dans le maquis, en 1942.
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