DE NOTRE CORRESPONDANT
SELON le gouvernement de Angela Merkel, les bons résultats de l'assurance-maladie allemande en 2006 sont dus, d'une part, au plan de maîtrise du médicament introduit l'an dernier et, d'autre part, à la reprise sensible de l'économie du pays. Le nombre d'actifs cotisants a en effet augmenté de 530 000 au cours de l'an dernier.
Mais c'est aussi la « loi sur l'efficacité et l'économie du médicament », préparée en urgence à la fin de 2005 et entrée en vigueur en mai 2006, qui a permis de réduire, puis de stabiliser les dépenses de prescriptions à partir de cette période. Cette loi était destinée à consolider la réforme de 2004, alors que les dépenses repartaient à la hausse en 2005, contrairement aux prévisions. Elle a bloqué pour deux ans le prix des médicaments remboursables et durci le système des forfaits de remboursement des médicaments, afin d'inciter les médecins à prescrire encore plus de génériques et de spécialités moins onéreuses.
Complétée par de nombreuses autres mesures techniques, la loi introduit les fameux bonus-malus de prescriptions, destinés à sanctionner les médecins prescrivant « trop ou mal » et à récompenser les autres. C'est cette disposition de la loi qui a «fait déborder le vase» et exacerbé la colère des médecins, confrontés depuis des années à une rigueur toujours croissante : elle a poussé des dizaines de milliers de praticiens à défiler à plusieurs reprises dans toute l'Allemagne l'an dernier, au cours des plus grandes manifestations jamais organisées par les médecins. Aujourd'hui, pourtant, comme le constate notre confrère « Ärzte Zeitung », les « bonus-malus » ne font plus peur, d'autant que cet outil mis à la disposition des caisses par la loi a été relativement peu utilisé depuis son entrée en vigueur à la fin de l'année. Il ne concerne que sept classes de médicaments dont les antihypertenseurs et les statines.
Toutefois, un sondage réalisé par le journal allemand auprès des médecins révèle que seul un médecin sur deux connaît les règles exactes du bonus-malus tel que le pratique, ou le pratiquera, la caisse dont il dépend ; de nombreuses caisses de maladie ne l'ont pas encore introduit.
En général, le malus ne s'applique que si la prescription du médecin est, sans justification, supérieure de plus de 20 ‰ à celle des autres médecins, pour la même catégorie de patients.
Politique drastique.
Les « bons chiffres » de l'assurance-maladie, après les déficits des années 2001-2003, ne doivent pas faire oublier que le retour à l'équilibre et son maintien depuis 2005 se sont fait Sau prix d'une politique de rigueur drastique, en particulier pour les hôpitaux et les médecins, mais aussi pour les patients, comme l'ont rappelé les très nombreuses grèves de «blouses blanches» qui ont touché le pays l'an dernier. Pour le gouvernement, il est d'autant plus vital d'achever le désendettement de l'assurance-maladie d'ici à 2008 qu'une grande réforme du financement de la santé doit être introduite à partir de 2009, sur des bases financières saines. La réforme, qui a été définitivement adoptée par le Parlement il y a quelques semaines, doit assurer l'avenir du système de santé pour les décennies à venir. Mais de nombreux observateurs, dont les médecins, estiment que ce texte très complexe, fruit d'un compromis laborieux entre les partis de la coalition gouvernementale, ne parviendra pas à contenir durablement les dépenses et va surtout aggraver la « bureaucratie » et l'« étatisation » de la santé.
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