EN ANGLETERRE, aux Etats-Unis, les centres 15 n'existent pas. L'intervention préhospitalière médicalisée est une des spécificités du système sanitaire français. Son fonctionnement est-il optimal ? La question est déterminante, quand on sait que le taux de survie est directement relié à la durée de la prise en charge.
Il y a un an encore, pas un centre 15 n'était en mesure de rendre compte précisément de sa façon de travailler, que ce soit en termes de délais d'attente ou de ressources humaines mobilisées. Directement rattachée au ministère de la Santé, la Mission nationale d'expertise et d'audit hospitaliers (Meah) a décidé de mener l'enquête. «L'objet de notre étude est de gagner les secondes indispensables pour soigner un infarctus ou un AVC» (accident vasculaire cérébral), explique le Dr Sébastien Woynar, chargé de projet à la Meah.
Un audit s'est déroulé durant six mois dans huit centres 15 volontaires. Les résultats viennent de paraître sur Internet*. La Meah les trouve «encourageants». «On s'est aperçu qu'il existe des marges d'amélioration internes importantes», observe le Dr Woynar.
S'agissant des temps d'attente, la situation est très hétérogène. Le taux d'appels décrochés en moins de 60 secondes varie de 78 à 99,8 % d'un centre 15 à l'autre. Certains peuvent donc mieux faire. Très variable également, le délai qui sépare l'intervention du permanencier de la décision de régulation médicale peut aussi être amélioré par endroits.
Comment accélérer la prise en charge et gagner en qualité ? Fidèle à sa ligne de conduite, la Meah précise qu'il est possible de mieux faire à moyens constants. Partant du constat que le nombre de permanenciers est stable tout au long de la journée, alors que l'activité des centres 15 varie de un à quatre en fonction de l'heure – avec un pic en début de soirée, et un creux dans l'après-midi et la nuit –, la Meah suggère de répartir différemment le temps de présence des permanenciers. Des réticences devront être levées. «Changer le planning des gens peut être un frein», admet le chargé de mission, Sébastien Woynar.
Un meilleur respect des protocoles de prise en charge édictés par Samu de France peut constituer une autre piste. D'un centre 15 à l'autre, les permanenciers ne posent pas toujours les mêmes questions dans un cas similaire. A la clé, une perte de temps, et donc une perte de chance pour le patient. La Meah fixe le cap : les professionnels de santé devraient suivre à la lettre les protocoles, de même qu'ils devraient remplir les fiches informatisées de façon systématique.
Ces conseils, la Meah les a compilés dans un rapport d'étape mis en ligne, avec l'espoir que l'ensemble des centres 15 français s'en inspireront.
A chaque centre 15 audité correspond un diagnostic particulier (anonymisé), mais des leçons générales peuvent être tirées. «Notre objectif est de diffuser des bonnes pratiques le plus largement possible», précise le Dr Woynar. Dès sa sortie, certains ont émis des réserves sur le contenu du rapport. Samu de France, notamment, considère que l'échantillon des centres 15 audités n'est pas représentatif du plus grand nombre.
Pour la Meah, cela importe peu. «Il faut voir ce rapport comme une première étape qui permet aux centres15 de se comparer entre eux, expose le Dr Woynar . Un autre rapport suivra fin 2007, qui fera le bilan des actions d'amélioration engagées par les huit centres15 audités. C'est à cette occasion que nous pourrons tirer les conclusions les plus intéressantes.»
* Les résultats du rapport d'étape sur l'organisation des centres 15 sont disponibles sur le site de la Meah www.meah.sante.gouv.fr/meah/index.php?id=1053.
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