POURQUOI une coalition française contre le paludisme ? En 1998, l’OMS, le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement), l’Unicef et la Banque mondiale ont lancé le partenariat mondial Faire reculer le paludisme (Roll back malaria), pour coordonner les réponses des Etats et favoriser le dialogue entre tous les acteurs, qu’ils soient publics, privés ou issus de la société civile. En janvier 2002, à l’initiative de l’ONU et du G8, a été créé le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, un mécanisme de financement multilatéral, pour accroître la réponse contre ces trois maladies dans les pays concernés. Or, malgré l’effort accompli – 30 % des financements du Fonds sont consacrés à la lutte contre le paludisme, soit près des deux tiers des ressources consacrées au combat contre la maladie au niveau international –, la réponse reste très en deçà des besoins. Pour couvrir les interventions minimales, en particulier l’achat de moustiquaires imprégnées, les traitements combinés à base d’artémisinine et les diagnostics rapides, 3 milliards de dollars par an seraient nécessaires, dont près de 2 milliards pour l’Afrique.
Outil innovant qui implique les pays en développement dans l’ensemble de son processus de décision, le Fonds souffre d’un manque chronique de ressources. «Les efforts entrepris en matière de financement multilatéral resteront insuffisants si des relais de plaidoyer ne s’organisent pas dans les pays développés pour mobiliser les opinions publiques et les politiques», explique Michèle Barzach, présidente des Amis du Fonds mondial Europe*, une association lancée en avril 2005 pour déclencher cette mobilisation nécessaire.
Vingt-trois organisations.
En regroupant aujourd’hui 23 organisations qui oeuvrent contre le paludisme, l’association veut franchir une nouvelle étape : «rompre le silence» qui entoure cette maladie parasitaire, de loin la plus importante et la plus meurtrière (de 2 à 3 millions de morts par an et 3 000 enfants de moins de 5 ans par jour) et dont beaucoup ignorent l’impact économique et social sur les pays en développement. Parmi les membres de la Coalition française contre le paludisme, lancée officiellement hier, se retrouvent des organisations internationales, telles que le Fonds mondial, l’Unicef, le partenariat Faire reculer le paludisme, la Coalition mondiale des entreprises, PlaNet finance (organisation de solidarité internationale dont la mission est de réduire la pauvreté dans le monde par le développement de la microfinance) ou Global Health Advocates, des laboratoires comme GlaxoSmithKline ou sanofi-aventis, des ONG, telles que l’Initiative sur les médicaments pour les maladies négligées (DNDi), Plan international, SOS-Paludisme et la Croix-Rouge française, des instituts de recherche, comme l’institut Pasteur de Paris, l’IRD (Institut de recherche pour le développement), l’AMP (Agence de médecine préventive). Sont également présents des institutionnels, comme le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Santé et l’AFD (Agence française de développement).
Convaincre de l’urgence à agir.
«Sans doute le drame de l’épidémie du sida a-t-il fait oublier celui du paludisme», affirment les membres de la coalition. Aujourd’hui, il s’agit de convaincre «de l’urgence à agir et à investir dans la lutte contre la maladie, notamment en soutenant la recherche et l’accès à la prévention et aux soins». La coalition, financée par le Malaria Consortium, s’inscrit dans le cadre de l’initiative européenne lancée au Royaume-Uni en juin dernier. Elle s’est donné pour mission de coordonner les actions de ses membres et ainsi «d’optimiser les réponses de la France dans la lutte contre le paludisme». Sa vocation n’est pas de «devenir un acteur de plus, mais d’être un instrument de réflexion et de synergie au service de chacun de ses membres», qui pourront échanger leurs informations et concevoir des actions communesdans le cadre d’un partenariat avec les pays en développement . Le réseau ainsi créé souhaite apporter une assistance technique diversifiée et répondre ainsi aux besoins des pays les plus touchés, notamment d’Afrique francophone.
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