POUR NOURRIR la réflexion des parlementaires et l’évaluation que doit conduire à l’horizon de cinq ans le Haut Conseil de santé publique, un rapport de suivi des objectifs de la loi de santé publique du 9 août 2004 doit être réalisé chaque année. Le premier est publié par la Drees (recherche, évaluation, études et statistiques des ministères de l’Emploi et de la Santé)* sous le titre « L’Etat de santé de la population en France en 2006 », associé à une autre étude, sur les disparités régionales de santé.
Le premier constat est positif : l’état de santé des Français est globalement bon et a tendance à s’améliorer. L’espérance de vie à la naissance continue de progresser et cela sans que ne diminue la proportion d’années de vie sans incapacité ; le taux de mortalité globale (8,6/1 000 en 2005) est l’un des plus bas d’Europe et le taux de mortalité infantile (3,6/1 000 en 2005) est l’un des moins élevés du monde ; et notre pays est moins touché par les maladies cardio-vasculaires que d’autres au niveau de vie comparable.
La faille est celle de la mortalité évitable. Dans l’Union européenne à 15, la France est à l’avant-dernier rang pour la mortalité prématurée et au dernier rang pour la mortalité prématurée évitable (données 2001). En cause : les cancers et autres pathologies provoquées par le tabac et l’alcool, les suicides (deuxième cause de mortalité prématurée évitable pour les hommes et première pour les femmes) et les accidents de transport.
Fragilité masculine.
Le rapport relève aussi, à la colonne débit, la «plus grande fragilité masculine». Si les écarts d’espérance de vie entre femmes et hommes tendent à se réduire (de 8,5 ans en 1994 à 7,1 ans en 2004 pour l’espérance de vie à la naissance), les indicateurs de mortalité prématurée et de mortalité prématurée évitable restent particulièrement défavorables pour les hommes. Lesquels, pourtant, déclarent moins de maladies, se sentent en meilleure santé et ont moins recours aux soins que les femmes.
Les disparités sociales et géographiques sont également importantes. Des obstacles financiers à l’accès aux soins persistent. Les renoncements aux soins dentaires ou à l’achat de lunettes ou de lentilles sont par exemple très nombreux lorsque le revenu du ménage se situe au-dessous de 2 500 euros mensuels. Quant à la géographie, la fracture se situe entre le Nord et le Sud, à la situation plus favorable. C’est parmi les populations ou dans les zones moins favorisées que des gains sont précisément possibles en matière de santé. En agissant sur les comportements, sur les expositions environnementales ou sur l’environnement socioculturel...
Tout cela ne doit pas faire négliger les maladies infectieuses, encore responsables d’une grande partie de la morbidité, d’autant que le développement des résistances aux antibiotiques reste préoccupant. La loi de santé publique a prévu, à côté du suivi de la couverture vaccinale de la population (à améliorer encore), celui de la légionellose (en hausse), de la tuberculose, du sida et des MST.
Face aux maladies chroniques, dont la prévalence est en augmentation, outre les bienfaits du dépistage, c’est la prise en charge qui peut être améliorée, en la coordonnant. De même, contraception, grossesses et accouchements donnent encore lieu à de possibles améliorations de prise en charge.
Les personnes âgées, enfin. L’allongement de la durée de vie rend de plus en plus importante la prise en charge des problèmes de santé liés au vieillissement. Les objectifs sont d’améliorer la prévention et la prise en charge des atteintes sensorielles, de l’ostéoporose et de l’incontinence urinaire (après 65 ans, 10 % des femmes déclarent des pertes involontaires d’urine).
Le rapport, qui offre des fiches chiffrées sur tous ces indicateurs, conclut sa synthèse avec deux préoccupations dont la prise en compte se développe : les états pathologiques provoqués par le système de soins (6,6 événements indésirables graves liés aux soins pour 1 000 journées d’hospitalisation, soit de 350 000 à 400 000, selon une étude de 2004) et la prise en charge de la douleur.
* www.sante.gouv.fr, rubrique « Recherche études et statistiques ».
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