« DONNONS sa chance à chaque mère et à chaque enfant. »
La Journée mondiale de la santé tente, chaque année, depuis 1950, de mieux faire connaître et de mettre en exergue une des priorités de santé définie par l'OMS. Le thème de cette année, la santé de la mère et de l'enfant, est aussi celui du rapport annuel sur la santé dans le monde qui, pour la première fois, est rendu public lors de la journée du 7 avril. A New Delhi, où se déroulent les manifestations, le directeur général de l'organisation, le Dr Lee Jong-wook, rappellera au monde qu'une décennie seulement nous sépare de la date butoir fixée pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Parmi ces objectifs figurent la réduction de deux tiers de la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans et la réduction de trois quarts de la mortalité maternelle.
Onze millions de décès par an.
Le constat aujourd'hui est sombre : « Près de 11 millions d'enfants mourront cette année avant d'avoir fêté leur cinquième anniversaire à cause de maladies qui auraient pu être évitées. Parmi eux, 4 millions ne dépasseront pas le premier mois de vie. Dans le même temps, environ un demi-million de mères décéderont pendant la grossesse, l'accouchement ou la période périnatale. »
Les pays les plus touchés sont ceux en développement où la grossesse et l'accouchement restent la première cause de mortalité et de morbidité chez les femmes en âge de procréer. Le taux de mortalité maternelle est plus de 34 fois plus élevé en Afrique que dans la plupart des pays européens : 830 pour 100 000 naissances contre 24 pour 100 000 naissances. Dix-neuf des vingt pays les plus touchés sont en Afrique subsaharienne. Seize des vingt pays présentant les taux de mortalité infantile les plus élevés sont également dans cette région. Cependant, c'est l'Asie du Sud-Est qui détient le record du nombre de décès chez les enfants, avec 1,4 million de décès de nouveau-nés et 1,3 million de morts-nés par an.
Les causes de décès chez les femmes sont, par ordre d'importance, les hémorragies graves du post-partum, les infections et les avortements réalisés dans des conditions précaires. On compte chaque année 46 millions d'avortements, dont 40 % dans des conditions précaires qui provoquent 68 000 morts. « Plus de 100 000 morts maternelles pourraient être évitées si les femmes qui ne désirent pas un enfant avaient accès à un moyen de contraception », affirme le rapport. De même, « près des trois quarts de la mortalité néonatale pourraient être prévenus si les femmes étaient convenablement nourries et recevaient des soins appropriés pendant leur grossesse, au moment de l'accouchement ou dans la période postnatale ».
Continuité des soins.
Parce que « les enfants sont l'avenir d'une société et leur mère les gardiennes de ce futur », il est urgent d'agir. Pour cela, nul besoin de moyens technologiques coûteux. L'efficacité des programmes dépend de la continuité des soins du début de la grossesse (et même avant) à la naissance et après. Les heures, les jours et les semaines qui suivent la naissance sont des périodes à risque aussi bien pour la femme que pour l'enfant. Or la santé du nouveau-né a jusqu'à présent été négligée. Le rapport propose d'ailleurs d'abandonner l'expression de santé materno-infantile au profit de celle de santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant.
Mais la continuité des soins ne s'arrête pas à la période périnatale. Tout au long du développement de l'enfant, le risque demeure d'être atteint d'une maladie pour laquelle existe un vaccin, de malnutrition, de diarrhées, ou d'infections respiratoires. Le programme Imci (Integrated Management of Childhood Illness) préconisé par l'OMS est un ensemble d'interventions qui visent à former les professionnels de santé (traitement des maladies et conseil aux familles), à renforcer l'ensemble du système de santé et à mieux informer les parents et l'ensemble de la communauté à maintenir la santé des enfants et à faire face aux maladies.
Pour assurer la continuité des soins et permettre un accès universel dans 75 pays les plus touchés, le rapport estime qu'il faudrait 39 milliards supplémentaires sur dix ans (un milliard en 2006 avec une augmentation progressive jusqu'à 6 milliards en 2015), soit 0,22 dollar par habitant la première année et 1,18 en 2015. La mortalité maternelle pourrait alors baisser de 485 à 242 pour 100 000 naissances et celle des enfants de 35 à 29 pour 1000 naissances vivantes. Les objectifs du millénaire ne seraient pas atteints mais l'impulsion serait donnée. Pour les atteindre, 2,2 milliards dès 2006 jusqu'à 7,8 milliards en 2015, soit 52,4 milliards en dix ans.
Les gynécologues s'engagent
Le Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) et l'Union professionnelle internationale des gynécologues-obstétriciens (Upigo), dont il est membre, offrent leurs moyens d'action à l'OMS. « Crash ce matin de trois Boeing 747 : aucun survivant. Il n'y avait que des femmes enceintes à bord. Il en est ainsi tous les jours de l'année », le communiqué est explicite. « Il n'est pas supportable d'accepter une telle hécatombe. La diminuer dépend de nous, de chacun de nous », affirment les deux présidents, le Dr Guy-Marie Cousin (Syngof) et le Dr Raymond Belaiche (Upigo). Pour cela, ils s'engagent à recueillir les candidatures des professionnels de santé et à organiser une collecte de dons, auprès du grand public et des industriels, pour financer des actions de prévention de la mortalité maternelle dans les pays en développement et coordonner des missions de gynécologues-obstétriciens en Afrique.
www.syngof.fr et www.upigo.org.
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