CRÉÉ EN 1999, le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (Cpld)* a présenté lors d'un colloque à l'Unesco les résultats de recherches qu'il promeut ou soutient. Le dopage chez les jeunes, qui devient de plus en plus préoccupant, était l'un des thèmes abordés. Une étude menée auprès de jeunes sportifs (193 collégiens) de 10 à 16 ans, présentée par Roland Jouvent, directeur de recherche au Cnrs, confirme le phénomène.
Répondant à un questionnaire, 5 % d'entre eux ont déclaré spontanément se doper, 10 % ont reconnu prendre des médicaments (antalgiques et fortifiants) avant la pratique sportive en compétition, 25 %, de l'alcool, et 10 %, du cannabis. Des pratiques dont ils ressentaient les effets secondaires après l'exercice du sport : manque d'appétence, dépression, ralentissement de l'élan vital. Enfin, 15 % des adolescents déclaraient avoir été tentés un jour par le dopage.
D'où la nécessité de mettre en place une politique de prévention. D'autant plus qu'une étude, qui présentait des images à des élèves de primaire, montre qu'il n'existe pas de relation dans l'esprit des enfants entre le dopage et la morale. R. Jouvent s'est déclaré très inquiet et insiste sur la nécessité de promouvoir une pédagogie précoce spécifique sur le dopage et ses résultats.
Qui approvisionne les adolescents ?
C'est pour explorer les méthodes destinées à approvisionner les adolescents en produits dopants et autres substances qu'une enquête a été réalisée auprès de jeunes compétiteurs de niveau au moins régional de l'Union nationale de sport scolaire (6 500 questionnaires anonymes).
Patrick Laure, chercheur au centre de recherches des sciences du sport à la faculté d'Orsay, précise qu'il concerne autant de filles que de garçons d'un âge moyen de 16 ans, pratiquant 10 heures en moyenne de sport par semaine. Dans cette population, 4 % ont déclaré utiliser des produits interdits aux sportifs : cannabis, antiasthmatiques, bêtabloquants, EPO. Et 10,3 % ont dit avoir reçu des produits pour améliorer les performances : vitamines, alcool, médicaments antidouleur. Donnés par qui ? Par les copains, les parents, le médecin de famille, le kiné... En moyenne, dans 33,2 % des cas, les adolescents ont reçu le produit sans l'avoir demandé et, dans près de la moitié des cas (46,6 %), ils l'ont payé. « Des entraîneurs de club se sont fait payer pour délivrer un médicament qu'ils n'ont pas le droit de donner à des adolescents », s'est indigné P. Laure. L'étude montre que des parents ont également fait payer à leur enfant des médicaments illicites afin d'améliorer leurs performances : « Peut-être s'agit-il de ces mêmes parents assis au bord des stades, que l'on voit gifler leur enfant quand un résultat n'a pas été obtenu . »
Il faut lancer d'autres études pour affiner ces résultats afin de savoir si ce petit marché clandestin a un lien avec le marché des stupéfiants. Selon l'OMS, 10 % des médicaments sont des contrefaçons, ce qui augmente encore les risques pour la santé de ces jeunes.
* 39, rue Saint-Dominique, 75007 Paris, tél. 01.40.62.76.76, info@cpld.fr.
Vers une convention internationale
Le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (Cpld) et l'Unesco sont des partenaires anciens. Ils ont soutenu le cédérom « Stop au dopage » édité par la Société française de médecine du sport et sont à l'origine, avec la fondation d'entreprise La Française des Jeux, du site Internet pour l'éducation physique et le sport (www.cigeps.org), qui évoque notamment l'évolution de la convention nationale en cours de négociation. L'Assemblée générale des Nations unies a proclamé 2005 « Année internationale de l'éducation physique et du sport », ce qui devrait aboutir dans le domaine de la lutte contre le dopage à une convention internationale destinée à harmoniser les règles en s'inspirant de celles édictées par le code mondial antidopage et à encourager les Etats à mettre en œuvre des actions de prévention et à susciter des programmes de recherche. Marc Sanson, président du Cpld, rappelle que la recherche scientifique est un élément essentiel pour comprendre comment les sportifs en viennent à recourir au dopage, pour améliorer les techniques de détection des produits dopants et mettre en évidence les effets négatifs du dopage sur la santé des sportifs.
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