De notre correspondant
« Il faut vingt ans pour qu'une spécialité soit enfin reconnue au point d'exister vraiment, dit au « Quotidien » le Pr Franco De Conno, anesthésiste au centre anticancéreux de Milan (Italie) et président du Réseau européen de recherche en soins palliatifs. Il n'est donc pas du tout étonnant que les universités médicales européennes ne comptent en leur sein que quelques rares chaires dûment consacrées aux seuls soins palliatifs .» Il y en a une dizaine en Grande-Bretagne, dont on connaît le rôle de pionnier en matière de lutte contre la douleur et de soins palliatifs depuis trente ans, une en Norvège et une en Suède.
Or comme le concept et le cadre scientifique des soins palliatifs ne remontent qu'à la fin des années quatre-vingt-dix, « faites vous-même le calcul, ajoute-t-il : il faudra attendre encore environ huit ans pour que les facultés européennes se mettent au diapason des besoins ».
Pas assez de lits ni de médecins
Car, même si les choses bougent en ce domaine, le Pr De Conno le reconnaît, force est de constater une double réalité : l'insuffisance à peu près générale dans tous les pays européens du nombre de lits de soins palliatifs et de professionnels de santé qualifiés, notamment de médecins spécialisés. « En Italie, ajoute le président d'un réseau qui fédère depuis 1996 quelque 142 centres de recherche de 21 pays de la « grande Europe », le gouvernement vient de décider de développer massivement les soins palliatifs, pour rattraper son retard dans ce domaine, en consacrant 200 millions d'euros à la création de centres spécialisés. Problème : il faudrait environ 2 000 médecins correctement formés, et nous ne les avons pas. Nous aurons donc bientôt de magnifiques bâtiments, des patients âgés gravement malades en grand nombre, et un nombre nettement insuffisant de professionnels pour les prendre en charge. »
A Bruxelles, toutefois, nuance le spécialiste, au sein des institutions européennes, une prise de conscience récente est perceptible, notamment au sein de la commission chargée des questions gériatriques que les principaux animateurs du Réseau de recherche viennent de rencontrer. « Il a fallu plusieurs années à notre réseau, qui relie des chercheurs de 21 pays ayant chacun ses méthodes de travail et de recherche, pour se forger un langage commun s'appuyant sur une sémantique et des paramètres reconnus par tous : pour preuve, nous venons cette année, pour la première fois, de publier ensemble une étude sur l'évaluation de la douleur. »
C'est donc de Bruxelles que pourraient venir les financements d'une recherche destinée à jeter les bases d'une culture européenne des soins palliatifs et de la lutte contre la douleur, actuellement en préfiguration au sein de l'association scientifique qu'il préside.
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