La Journée mondiale de lutte contre le SIDA

Le risque est flou pour les jeunes

Publié le 28/11/2001
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Les jeunes sont moins sensibilisés au VIH/SIDA et la cote du préservatif est en baisse. Ce sont les principaux enseignements d'une série d'enquêtes KABP (Knowledge, Attitudes, Beliefs and Practices), réalisées en France en 1992, 1994, 1998 et 2001 par l'institut de sondage IPSOS, avec le soutien financier et la coordination scientifique de l'Agence nationale de recherches sur le SIDA (ANRS) et le Commissariat général du Plan. Une extension régionale de ces enquêtes est également réalisée en Ile-de-France avec le concours de l'Observatoire régional de santé d'Ile-de-France.

Les jeunes de 18 à 24 ans ont une représentation du SIDA différente de celle de leurs aînés. Ce phénomène, perceptible en 1998, s'accentue en 2001. Avant, plus les répondants étaient jeunes, mieux la maladie était connue. Actuellement, les 18-24 ans ont le même niveau de connaissance de la maladie que les 25-39 ans, quand il n'est pas moins bon. Par exemple, 24,2 % des plus jeunes contre 21,2 % des 25-39 ans pensent que le VIH se transmet par piqûre de moustique. Ils sont un sur deux à croire que le SIDA s'attrape plus facilement que la grippe (contre 40 % pour les plus âgés).

La peur des moustiques

Si l'évolution des opinions et des attitudes face au VIH/SIDA est plutôt favorable dans la population générale, cette tendance est moins marquée chez les 18-24 ans. Ils sont, pour la première fois, les plus nombreux à considérer « que l'on peut comprendre les médecins qui refusent de prendre en charge les patients séropositifs » (plus de 12 % contre 7 % pour les plus de 25 ans).
La baisse du niveau de connaissance des jeunes s'inscrit dans un contexte général d'une « connaissance plus floue des modes de transmission » du virus. Et ce constat est valable à Paris comme sur l'ensemble du territoire. Jusqu'à 2001, les Franciliens se démarquaient systématiquement des autres par une meilleure connaissance, des attitudes et des opinions plus favorables sur l'infection et la maladie. Ce n'est plus le cas. Globalement donc, les répondants sont plus nombreux en 2001 qu'en 1998 à croire possible une contamination par piqûre de moustique (24,4 % contre 20,3 %). L'efficacité des moyens de protection est également moins reconnue. En effet, si 96 % des répondants considéraient comme efficace l'utilisation du préservatif pour se protéger du SIDA en 1998, ils ne sont plus que 93 % en 2001. L'utilisation du préservatif au cours des 12 derniers mois est moins fréquente, surtout chez les hommes : 29 % en 2001 contre 37 % en 1998. Selon l'ANRS, « cette baisse de huit points de l'utilisation du préservatif chez les hommes est d'autant plus préoccupante qu'elle concerne les jeunes, les multipartenaires et les célibataires, donc une population potentiellement plus à risque ».
Les Français ont toujours très peur d'être contaminés. Les répondants sont trois fois plus nombreux qu'en 2001 qu'en 1998 à penser que les gens se protègent moins. En revanche, le SIDA est considéré comme « moins dangereux » (36,3 % en 1998 contre 28,1 % en 2001 craignent la maladie).
A cette perception plus floue du risque s'ajoute enfin un certain désintérêt pour la maladie, qui se manifeste notamment par un moindre intérêt pour les campagnes de prévention depuis 1994 (39,3 % des répondants se déclarent concernés par les campagnes en 1994 contre 28,9 % en 2001).

A.-M. G.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7020