Paludisme : diminuer le prix des moustiquaires

Publié le 24/04/2001
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F AIRE reculer le paludisme : c'est le nom de l'initiative lancée en novembre 1998 par la Banque mondiale, l'OMS, l'UNICEF et le PNUD avec pour objectif de réduire de moitié la charge de la maladie d'ici 2010.

Le paludisme est responsable de un million de morts par an, dont quelque 700 000 enfants ; chaque jour, 3 000 enfants de moins de 5 ans meurent du paludisme, un bilan comparable à celui du SIDA. Et le paludisme représente, à lui seul, 10 % des maladies qui frappent l'Afrique, occasionnant 40 % des dépenses de santé publique et jusqu'à 50 % des consultations externes dans les zones infectées. Son impact économique est important, avec un PNB inférieur à 1,3 % pour les pays touchés.
Or il existe un moyen de réduire le risque de transmission dans des proportions allant jusqu'à 63 % : les moustiquaires imprégnées d'insecticide. Des enquêtes réalisées en Gambie, au Ghana et au Kenya ont montré une réduction des taux de mortalité de 25, 17 et 33 % respectivement. Mais ces moustiquaires coûtent cher, jusqu'à 8 % du PNB par habitant dans certains pays, selon le Dr Gro Harlem Brundtland, directeur général de l'OMS. En signant la déclaration d'Abuja, il y a tout juste un an, 38 Etats africains se sont engagés à faire baisser les prix en réduisant les droits de douane et les taxes, qui peuvent représenter de 30 à 40 % du prix au détail. Mais, selon un rapport publié à l'occasion de la 1re Journée africaine du paludisme, ce 25 avril, seuls la Côte d'Ivoire, le Nigeria, la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie ont pour l'instant modifié leur politique fiscale. Cinq autres, le Cameroun, le Ghana, le Kenya, le Mozambique et la Namibie, seraient sur le point de le faire.
Pour 2005, Faire reculer le paludisme s'est fixé trois buts : faire en sorte que 60 % des personnes souffrant du paludisme aient accès rapidement à un traitement adéquat et bon marché ; que 60 % des femmes enceintes aient accès à un traitement préventif ; et que 60 % de la population à risque utilisent des moustiquaires ou d'autres mesures préventives. Pour ce faire, il faut 32 millions de moustiquaires et 320 millions de réimprégnation des moustiquaires par an. « Ce dont nous avons besoin maintenant, dit le Dr David Alnwick, directeur de l'initiative, c'est que les gouvernements africains, la communauté internationale et le secteur privé renforcent leur partenariat et augmentent leurs contributions afin que nous puissions mener une action d'envergure. »

Un nouveau traitement lancé par l'OMS

L'OMS a mis au point un médicament spécialement destiné aux enfants atteints d'une forme grave du paludisme (avec coma, convulsions, grave détresse respiratoire, grave anémie, état de conscience altéré...) et qui ne peuvent avoir accès rapidement à un traitement intraveineux. Il s'agit de l'artésunate, dérivé de la plante chinoise Artemisia annua, développé sous forme de suppositoire. Rapidement assimilé, le produit freine le développement de la maladie, ce qui permet au patient de pouvoir se rendre dans un centre de soins où on lui dispensera un traitement curatif à base d'antipaludéens oraux. Les essais réalisés au Malawi, au Ghana, en Afrique du Sud et en Thaïlande ont montré qu'un rétablissement rapide en vingt-quatre heures était possible avec une seule dose. Le produit a été soumis pour homologation aux autorités sanitaires des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de Suisse.
Selon l'OMS, une distribution et une utilisation générales de ces suppositoires - ce qui implique qu'ils coûtent moins de 1 dollar par traitement - pourraient réduire d'au moins 100 000 le nombre d'enfants qui meurent du paludisme chaque année.

R. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6905