« Baignade, attention aux noyades des enfants ! », « Vous tenez à eux, ne les quittez pas des yeux ! » , « Pour une baignade sans danger, parlons santé ! » : tels seront les messages que pourront lire cet été les patients en salle d’attente et les vacanciers des clubs de plage et des piscines de campings. Trois points de situation seront partagés par Santé publique France (SPF) avec l’ensemble des acteurs de la surveillance pour adapter les messages de prévention durant toute la saison.
En 2024, 1 244 noyades ont eu lieu entre le 1er juin et le 30 septembre, dont 350 (28 %) ont conduit à un décès. Des chiffres élevés et stables par rapport à 2023, déplore SPF dans son bilan annuel. Encore plus inquiétant, les résultats montrent une hausse de 41 % des noyades pour la période du 16 juillet au 15 août 2024 par rapport à la même période en 2023 : lors de ces mois ponctués de pics de chaleur, il y a eu 576 noyades dont 146 noyades avec décès (versus 109 en 2023, soit une hausse de 34 %).
Plus de la moitié des noyades concernent des adultes
Depuis 2023, année où le dispositif de surveillance a évolué, SPF s’appuie sur le réseau Oscour pour recenser les noyades accidentelles prises en charge aux urgences et sur le Système national d'observation de la sécurité des activités nautiques (Snosan) pour les noyades suivies de décès.
En 2024, les enfants de moins de six ans représentent plus d’un quart des noyades (29 %), mais seulement 5 % de celles qui sont mortelles ; à l’inverse, les adultes représentent 56 % des victimes et la quasi-majorité des noyades mortelles. « Les noyades des enfants sont liées à un défaut de surveillance, qui est rapidement rattrapé ; c’est moins vrai chez les adultes », commente Aymeric Ung, responsable à la direction des maladies non transmissibles et traumatismes de SPF.
Sans surprise, les noyades interviennent surtout dans le sud et les régions côtières, où se multiplient plages et piscines : les régions Paca (287 l’été 2024), Nouvelle-Aquitaine (178), Occitanie (164) et Auvergne-Rhône-Alpes concentrent 60 % des noyades et 53 % de celles qui sont mortelles.
Comme les années précédentes, environ la moitié des décès par noyade, tous âges confondus, survient dans des cours d’eau ou plans d’eau, non surveillés, peu faciles d’accès pour les secours, parfois dans des contextes festifs et alcoolisés. Quant aux autres lieux, la majorité des décès par noyade chez les adultes a lieu en mer, « notamment quand les personnes se baignent tôt le matin ou en début de soirée, quand il y a moins de monde et pas de secouristes », précise Aymeric Ung. Chez les enfants, ce sont les piscines privées, « lors du relâchement de la surveillance ».
Les médecins peuvent sensibiliser
« Les risques de la baignade sont sous-estimés, alors qu’on ne maîtrise pas les environnements liquides », insiste Aymeric Ung. Conseil numéro 1 pour les enfants : la surveillance, avant, et pendant la baignade. « Il ne faut jamais quitter un enfant des yeux, et il faut désigner un adulte responsable par enfant, qui se baigne avec lui le plus possible, précise l’épidémiologiste. La technologie ne remplacera jamais la surveillance : des enfants ont pu avoir des accidents avec des brassières, alors que les parents, les pensant en sécurité, s’en détournaient ».
L’apprentissage de la nage est aussi conseillé, chez les enfants (via les bébés nageurs jusqu’à 3 ans, le plan aisance aquatique de 4 à 6 ans, et les cours après) comme chez les adultes pour qui il n’est jamais trop tard pour apprendre ou réapprendre à nager. Même si ne pas savoir nager est loin d’être une cause unique aux noyades.
« Les personnes qui ont une pathologie chronique, neurologique, par exemple une épilepsie, peuvent en parler à leur médecin, qui pourra les conseiller sur la reprise de la nage », poursuit Aymeric Ung. Il ne faut jamais surestimer son état physique, reporter la baignade en cas de troubles, frissons, fatigue et éviter l’alcool. Enfin, les consignes de sécurité doivent être respectées (drapeaux, météo, zones surveillées) ; il est conseillé de prévenir un proche et d’entrer progressivement dans l’eau, en se mouillant la nuque et le ventre.
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