À l’occasion d’Octobre rose, l’Institut Curie met à l’honneur les biomarqueurs circulants comme levier pour la médecine de précision dans le cancer du sein. « À Curie, nous souhaitons une médecine de précision 2.0, c’est-à-dire une médecine qui va au-delà de la précision moléculaire et qui prend en compte l’environnement, l’histoire, le retour à la vie, l’aspect social… pour traiter les patients dans leur globalité. Et les biomarqueurs circulants peuvent nous y aider, c’est un domaine extrêmement prometteur pour personnaliser toute la prise en charge », s’est ainsi enthousiasmé en conférence de presse le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie. « Nous souhaitons le moins de séquelles possible et faciliter le retour à la vie après cancer », complète la Pr Anne Vincent-Salomon, pathologiste à l’Institut Curie et directrice de l’Institut des cancers des femmes.
Les biomarqueurs circulants peuvent être exploités à tous les stades de la maladie. « Les biomarqueurs circulants servent à dépister des cancers, établir un diagnostic et un pronostic, suivre et adapter le traitement ou bien prédire le risque de rechute », détaille le Pr François-Clément Bidard, oncologue médical à l’Institut Curie, directeur du centre d’investigation clinique et coordinateur de la sénologie de l’Institut des cancers des femmes. Le spécialiste coordonne l’essai Serena-6 dont les premiers résultats publiés récemment ont montré une utilisation concrète des biomarqueurs : changer de traitement sans attendre une imagerie de confirmation. En effet, l’ADN tumoral circulant (ADNtc) permet d’intercepter précocement l’apparition d’une résistance à l’hormonothérapie, sachant que le camizestrant est efficace sur ces tumeurs réfractaires. « En complément du temps gagné pour les patientes, nous observons une amélioration de la qualité de vie liée au temps passé sans progression de la maladie », explique le Pr François-Clément Bidard.
La biopsie liquide peut améliorer la qualité de vie
Les biomarqueurs circulants regroupent une vaste catégorie de composés à détecter dans le sang – c’est la biopsie liquide – délivrant chacun des informations différentes. Si les plus connus sont l’ADN tumoral circulant – désormais utilisé en clinique au titre du référentiel des actes hors nomenclature (RIHN) pour le choix de traitement – et les cellules tumorales circulantes, des travaux de recherches menés à l’Institut Curie, notamment avec le projet Alcina, souhaitent en explorer de nouveaux. « Il y a les ARN circulants, par exemple, ou encore les vésicules produites par la tumeur et son micro-environnement pouvant agir à distance pour favoriser la progression du cancer », détaille Fatima Mechta-Grigoriou, directrice de recherche Inserm à l’Institut Curie et coordinatrice de la recherche de l’Institut des cancers des femmes. D’autres recherches s’intéressent, elles, aux fibroblastes du micro-environnement tumoral, qui sont un marqueur de métastases et une cible intéressante de traitement.
Capter la récidive au niveau moléculaire permet une prise en charge avant l’apparition des symptômes
La biopsie liquide ne remplace toutefois pas les actuels outils tels que la mammographie ou les biopsies tissulaires, mais elle apporte de la précision. De plus, moins invasive qu’une biopsie classique, elle peut être répétée plus souvent sans altérer la qualité de vie des patients. « C’est une vraie révolution dans la conception des protocoles de traitement et de prise en charge de nos patientes », se réjouit la directrice de l’IHU des cancers des femmes.
Détecter les rechutes pour un retour à la vie
L’Institut mène également l’essai clinique Cupcake qui s’intéresse à l’ADNtc et la détection précoce des rechutes dans le cancer du sein triple négatif. Capter la récidive au niveau moléculaire permet une prise en charge avant l’apparition des symptômes. « C’est un enjeu majeur pour les femmes concernées », insiste Fatima Mechta-Grigoriou. « Cette utilisation de l’ADNtc est déjà remboursée aux États-Unis. En France, bien que nous avancions beaucoup sur la prise en charge de ces outils, nous tardons un peu », ajoute le Pr Bidard. L’ADNtc pourra aussi être exploité pour détecter la maladie résiduelle et envisager au plus tôt une désescalade thérapeutique.
Enfin, le directeur hospitalier a tenu à rappeler que ces innovations ont un coût et qu’il conviendra d’affiner au mieux les techniques et les concepts afin de les diriger de façon optimisée. « Nous nous mobilisons pour que les avancées de recherche clinique se traduisent en bénéfice réel pour les femmes atteintes de cancer du sein. Les recherches faites à Curie doivent profiter non seulement à nos patientes mais aussi à l’ensemble des femmes sur tout le territoire », défend le Pr Le Gouill. Aujourd’hui en France, 61 144 cas de cancers du sein sont diagnostiqués tous les ans et plus de 12 000 décès par an sont comptabilisés ; c’est la première cause de mortalité par cancer chez la femme en France.
Les premiers symptômes d’une SEP diffèrent avant et après la ménopause
Tumeurs desmoïdes : la cryoablation en deuxième ligne remboursée
Augmentation préoccupante des prescriptions de benzodiazépines à l'entrée en Ehpad
L’industrie du plastique dégrade la santé des enfants