Le diabète de type 1 augmente le risque de cancer de la vessie d’un facteur quatre. C’est ce que révèle une méta-analyse menée par des chercheurs de la Keck School of Medicine de l’Université de Californie du Sud et publiée dans Diabetes Research and Clinical Practice.
La revue systématique avait initialement identifié neuf études indépendantes fournissant des données pertinentes, mais huit d'entre elles n'avaient pas pris en compte le facteur de confusion lié aux antécédents de tabagisme, un facteur de risque important pour le cancer de la vessie puisqu’il serait responsable d'environ la moitié des cas aux États-Unis et en Europe. Les auteurs ont ainsi corrigé ce biais afin de détecter et de quantifier les facteurs de confusion résiduels liés au tabagisme et ont effectué leur méta-analyse en combinant les estimations contrôlées pour le tabagisme. « Ainsi, le diabète de type 1 semble être un facteur de risque important pour le cancer de la vessie, et il semble probable que cette association ait été précédemment masquée par une forte confusion négative due au tabagisme », rapportent les auteurs. Pour l’autrice senior, la Pr Victoria Cortessis, ces données pourraient « aider les patients ayant un diabète de type 1 et leurs soignants à prendre des décisions de santé » renforçant l’intérêt « d’éviter ou d’arrêter de fumer pour ce groupe ».
Une étude publiée plus tôt dans l’année avait retrouvé un petit signal de surrisque de cancer de la vessie associé à la prise d’inhibiteurs du co-transporteur sodium-glucose de type 2 (iSGLT2). Les auteurs, issus du CHU de Toulouse, avaient expliqué que l’association entre iSGLT2 et risque accru de cancer des voies urinaires pourrait être expliquée par l’augmentation de l’excrétion rénale de glucose et la fréquence des infections du tractus urinaire. « D’autant qu’il a déjà été établi que les personnes atteintes d’un diabète sont plus à risque de cancer de la vessie que la population générale », avaient-ils commenté pour le Quotidien.
Le maintien du taux de glycémie réduirait le risque
Les auteurs de la méta-analyse soupçonnaient que les personnes atteintes de diabète de type 1 fument moins que la population générale. « Après avoir dû gérer un problème de santé grave dès leur plus jeune âge, ces personnes sont peut-être plus soucieuses de leur santé à l'adolescence et à l'âge adulte », développent-ils. Un taux de tabagisme plus faible dans cette population étant susceptible de fausser les comparaisons et masquer un éventuel surrisque de cancer de la vessie liée au diabète, l’équipe a souhaité estimer, à partir de données officielles, la prévalence du tabagisme dans les populations des études originales sélectionnées. Une fois leur hypothèse validée, la méta-analyse a révélé que les personnes atteintes de diabète de type 1 avaient 4,29 fois plus de risque de développer un cancer de la vessie que la population générale.
Les chercheurs de la Keck School avancent que des changements biologiques déclenchés par la maladie contribueraient au développement du cancer. « C'est pourquoi une gestion rigoureuse du diabète, notamment le maintien d'un taux de glycémie optimal, pourrait être essentielle pour réduire le risque de cancer de la vessie », estiment-ils. De plus, ils n’écartent pas la possibilité que les changements biologiques interagissent avec les effets du tabagisme pour augmenter encore le risque de cancer.
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