Les considérations scientiques balaient donc l'argumentation fondée sur la liberté. Nous ne sommes pas libres de contaminer nos concitoyens. La pratique du micro-trottoir l'a abondamment démontré : les anti-vaccin se réfugient dans le sophisme, l'égoïsme, l'individualisme, et refusent d'admettre, sans opposer la moindre raison, qu'ils contribuent à la prolongation de la pandémie. Il est scandaleux que des personnes âgées ne soient pas encore vaccinées ; que des soignants, constamment en contact avec des patients, leur fassent courir un risque de contagion ; et même, à la limite, que les pouvoirs publics se posent la question de la vaccination obligatoire pour tous. Elle est tellement indispensable qu'il est dilatoire d'en souligner les avantages.
L'apparition du variant Delta, la place qu'il occupe maintenant dans la pandémie, sa virulence ne nous laissent aucun choix. Si nous ne voulons pas de quatrième vague, nous devons vacciner sans relâche et sans perdre de temps. Sur la vaccination obligatoire, noius avons atteint une sorte de consensus, même s'il y a des chefs politiques qui préfèrent la persuasion à la contrainte, ce qui n'est rien d'autre qu'une hypocrisie de plus, tout juste favorable à offrir à la pandémie du temps supplémentaire.
Est-ce vraiment une question politique ?
L'obligation est sans rapport avec le danger causé par le variant Delta. Nous pouvons lui résister. Mais les vagues précédentes ont prouvé que la hausse du nombre du cas se termine toujours par la saturation des hôpitaux. Vous verrez que les anti-vaccins ne manqueront pas de dire, le moment venu, que le gouvernement est incapable de créer des lits de réanimation supplémentaires. On ne discute pas avec ceux-là : quelles que soient leurs raisons, c'est l'irrationel qui domine leur pensée, c'est la logique qui anime les pouvoirs publics.
Le refus du vaccin n'est pas une maladie nationale, nous partageons cette tare avec d'autres peuples. En revanche, on sait bien de quel côté il est politiquement : il exprime un amour des libertés individuelles exacerbé qui s'apparente à la négation du droit, de la réalité et au mythe de la vérité alternative qui ont fait la gloire de Donald Trump et nourri, en France, la violence des gilets jaunes. Giletjaunisme et hostilité au vaccin ne se recouvrent peut-être pas au millimètre près, mais relèvent sans aucun doute de la même « philosophie », qui consiste à souffrir de la présence des autres : les militants du refus ont raison en toute circonstance parce qu'ils ne raisonnent pas comme nous. Nous ne les comprenons pas et, de ne pas les comprendre, nous devenons leurs bourreaux. Ils ont cassé des villes pour se faire entendre et maintenant, ils participent à la relance de la contamination.
Bien entendu, ils ne représentent qu'une minorité, mais elle est agissante en ce sens qu'elle risque de nous empêcher de parvenir à l'immunité collective, ce Graal qui nous rendra les saines libertés auxquelles nous avons droit et non celles qui piétinent joyeusement la liberté des autres. La pandémie nous a donc révélé une autre vérité, à savoir que, si tout est politique, le comportement humain obéit si souvent à une insondable versatilité qu'il échappe complètement au dessein politique. On ne pouvait pas convaincre les gilets jaunes de se calmer, on ne peut pas convaincre les anti-vaccin de se faire piquer. Ces attitudes adoptées par les anti-tout ne s'effacent que sous l'effet de l'usure. Mais pour l'immunisation de la population, nous n'avons guère le temps.
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