Le Pr Agnès Linglart (hôpital Bicêtre) rappelle l’effet des bisphosphonates (BP) sur le cartilage de croissance et l’os en croissance : la vitesse de croissance de la masse maigre et de la masse osseuse étant très variable au cours de l’enfance, l’impact des BP sera très variable selon l’âge. Les perfusions de BP, chez l’enfant, s’accompagnent de l’apparition de bandes denses horizontales parallèles au cartilage de croissance, dont le nombre correspond au nombre de perfusions de BP intraveineux : celles-ci semblent correspondre à de l’os trabéculaire et non à une apoptose des chondrocytes.
Les BP sont utilisés en urgence au cours de l’hypercalcémie néonatale ou induite par les tumeurs, mais également en cas de douleurs osseuses en particulier au cours des dysplasies fibreuses, de calcifications ectopiques, de l’ostéoporose primitive (idiopathique ou juvénile) ou de formes secondaires sévères d’ostéoporose (polyhandicap, corticoïdes).
Le polyhandicap est la cause la plus fréquente d’ostéoporose de l’enfant
Si la correction des facteurs favorisant l’ostéopénie est essentielle (amélioration des apports calciques, caloriques et protidiques, vitamine D, activité physique…), elle ne suffit pas à corriger une déminéralisation sévère. Le seul traitement curatif évalué chez l’enfant est le pamidronate intraveineux : il a fait la preuve de son efficacité sur la DMO et sur le risque fracturaire. Il est utilisé en cas d’ostéoporose fracturaire mais faut-il traiter les enfants à très haut risque de fracture avant la survenue de celles-ci, ou avant une chirurgie orthopédique lourde ? Quelle molécule utiliser ? Combien de temps et à quelle dose ?
La méta-analyse de Hansen met en évidence une diminution de la DMO et une augmentation de la prévalence des fractures de 7 à 45 % sous corticoïdes chez l’enfant. Peu d’études ont été conduites sur l’utilisation des BP dans l’ostéoporose cortico-induite de l’enfant : sous BP, la DMO s’améliore mais il n’existe pas de données fracturaires. Il n’existe actuellement aucune recommandation publiée et la décision de traitement se fait encore au cas par cas.
L’analyse de la littérature permet d’évaluer la balance bénéfice-risque des BP chez l’enfant. Aucun cas d’ostéonécrose de la mâchoire n’a été rapporté (en particulier les soins dentaires souvent nécessaires dans l’ostéogenèse imparfaite sont possibles), il n’a pas été rapporté de tératogenicité des BP lors des grossesses ultérieures ni d’effet délétère sur la croissance.
En conclusion, bien que la prescription des BP chez l’enfant soit hors AMM, il faut savoir les utiliser.
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