Il agit sur les récepteurs aux cannabinoïdes CB2

Un anti-inflammatoire dans le cannabis et autres plantes

Publié le 23/06/2008
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LA SUBSTANCE s'appelle (E)-bêtacaryophyllène et se révèle être un puissant anti-inflammatoire. Elle a été isolée à partir d'huile essentielle de cannabis, mais on la retrouverait dans la plupart des végétaux. Andreas Zimmer (université de Bonn) et coll. ont découvert les propriétés anti-inflammatoires du (E)-bêtacaryophyllène ([E]-BCP) en recherchant des agonistes spécifiques du récepteur aux cannabinoïdes CB2. Si de nombreuses expériences complémentaires seront nécessaires avant qu'il ne soit envisageable d'utiliser cette molécule en clinique, les résultats déjà obtenus par l'équipe dirigée par Zimmer sont assez prometteurs.

Les récepteurs CB2, exprimés en périphérie.

Il existe deux types de récepteurs aux cannabinoïdes : les CB1 sont retrouvés à la surface des cellules du système nerveux central, ainsi que sur certaines cellules des tissus périphériques. Leur activation est responsable des effets psychomodulateurs des tétrahydrocannabinol (THC), du cannabinol et des endocannabinoïdes. Les récepteurs CB2 ne sont, quant à eux, exprimés qu'en périphérie. Diverses données indiquent qu'ils joueraient un rôle dans la régulation des réponses immunes, en particulier dans celle de la réponse inflammatoire.

L'ensemble de ces informations ont conduit Zimmer et son équipe à imaginer que l'huile essentielle de cannabis pouvait peut-être contenir une molécule se fixant de manière exclusive sur les récepteurs CB2, une molécule qui n'aurait pas d'effets psychotropes, mais qui pourrait modifier le déroulement des processus inflammatoires.

Une première série d'expériences les a conduits à isoler le (E)-BCP pour sa grande affinité pour CB2. D'autres expériences menées invitro ont ensuite confirmé que la fixation de la molécule sur le récepteur induit l'activation d'une voie de signalisation cellulaire qui entraîne un relargage de Ca2+ et la phosphorylation de différentes kinases.

Les chercheurs ont poursuivi leurs travaux en étudiant l'effet du (E)-BCP sur la réponse inflammatoire. Pour ce faire, ils ont tout d'abord utilisé le système monocytes-lipopolysaccharides (LPS). Lorsque l'on expose des monocytes à des LPS d'origine bactérienne, les cellules sanguines réagissent en libérant différentes cytokines pro-inflammatoires. Il est apparu que le (E)-BCP permettait d'inhiber ce processus.

In vivo chez la souris, la molécule montre également une action anti-inflammatoire importante. Cette propriété du (E)-BCP dépend au moins largement du récepteur CB2 puisqu'elle n'est pas observée chez les animaux génétiquement modifiés pour ne plus exprimer ce récepteur.

Origan, cannelle, poivre noir.

(E)-BCP est un constituant majeur de l'huile essentielle de cannabis, mais il est également présent en quantité importante dans les huiles d'origan, de cannelle ou de poivre noir. Zimmer et son équipe estiment que nous en ingérons entre 10 et 200 mg par jour. Pour les chercheurs, il n'est pas impossible que notre régime alimentaire et la quantité de (E)-BCP qui lui est associée puisse influencer notre réponse individuelle à l'inflammation et à d'autres processus pathophysiologiques. Une hypothèse qu'il reste évidemment à tester.

Gertsch J et coll. « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.

Une piste pour traiter les maladies auto-immunes

Parvenir à bloquer la réponse inflammatoire associée aux maladies auto-immunes sans pour autant perturber le fonctionnement « normal » du système immunitaire : des scientifiques du NIH ont peut-être enfin trouver la solution à ce problème.

Richard Siegel et son équipe ont en effet découvert qu'il est possible, au moins chez la souris, d'obtenir un tel effet en supprimant la fonction d'un récepteur présent à la surface des lymphocytes T, le récepteur DR3.

DR3 appartient à la famille des récepteurs au TNF. Siegel et coll. ont montré que son absence empêche le développement des maladies auto-immunes expérimentalement induites chez la souris. Ces animaux restent parfaitement capables de se défendre contre les infections.

« Immunity », édition en ligne avancée.

> ÉLODIE BIET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8398