Pandémie de diabète

La FID demande une action internationale concertée

Publié le 19/06/2007
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LES CHIFFRES sont là : le diabète affecte dans le monde 246 millions de personnes et on estime que, en 2025, 380 millions de personnes seront touchées. Chaque année, 4 millions de personnes meurent du diabète de type 2. Le diabète multiplie par 2 à 4 les risques cardio-vasculaires, réduit l'espérance de vie de 12 à 14 ans. Tous les continents, tous les pays sont atteints ( cf.encadré).

L'OMS estime qu'environ 15 % des budgets sanitaires annuels sont consacrés aux maladies liées au diabète. Pour le Pr Paul Zimmet, directeur de l'Institut international du diabète, «la situation est grave. Cette maladie menace de mettre en faillite les économies nationales», si rien n'est fait très vite.

En 2006, une résolution adoptée par l'assemblée générale des Nations unies appelait à une action concertée pour lutter contre l'instauration du diabète ; la FID va plus loin en lançant un nouveau consensus sur la prévention et la prise en charge du diabète qui devrait être publié prochainement dans « Diabetics Medicine ».

La résolution de l'ONU.

Le point fort de ce consensus est d'inciter les Etats à ratifier la résolution de l'ONU sur le diabète, à l'image d'« un accord à la Kyoto », à définir et à appliquer des plans nationaux de prévention du diabète dans une action politique et législative coordonnée incluant de nombreux secteurs (santé, éducation, sport, agriculture).

«La prévention de l'apparition d'un diabète de type2 est possible, mais cela exige une immense volonté des politiques», souligne le Pr Paul Zimmet. Les facteurs majeurs propices à l'instauration du diabète sont connus et bien identifiés : sédentarité, manque d'exercice, alimentation déséquilibrée. «Toutes les études le démontrent: la modification des facteurs chez les personnes les plus à risque peut empêcher ou retarder l'apparition du diabète», précise le Pr George Alberti. Une modification du style de vie, du régime alimentaire pour obtenir un poids corporel adéquat, la mise en oeuvre d'une activité physique modérée sont des éléments à favoriser tant au niveau individuel qu'au niveau des populations.

Dépister, éduquer, inciter.

Dans le nouveau consensus de la FID, on retiendra plusieurs points. Au niveau individuel, l'identification des personnes à haut risque par le biais d'un dépistage simple, efficace, par des professionnels de la santé doit être réalisée. Intervenir et prévenir le développement du diabète de type 2, et en particulier l'obésité abdominale, sont des demandes liées à l'éducation du patient, à une incitation à modifier le mode de vie. Si cette modification est impossible ou insuffisante, le recours à une pharmacothérapie peut être envisagé. Au niveau de la population générale, le consensus souligne que l'éducation des populations ne suffit pas. Il faut établir des partenariats pour des actions concertées à long terme avec les industriels de l'agroalimentaire et avec les spécialistes de l'aménagement urbain. Cela permettra de favoriser des initiatives comme la marche à pied. Chaque pays offre des particularités et les plans nationaux de prévention du diabète, souhaités par le consensus, doivent en tenir compte. Ainsi, souligne le Pr Jean-Claude Mbanya (Cameroun), «dans mon pays et dans de nombreuses communautés africaines, le surpoids est signe de richesse et de bien-être. Lutter contre ce phénomène de société est un travail de longue haleine et difficile».

* Barcelone (Espagne), conférence de presse organisée par l'International Diabetes Federation dans le cadre du 2nd International Congress on Prediabets & the Metabolic Syndrome, avec, pour intervenants, le Pr Paul Zimmet (directeur de l'Institut international sur le diabète), le Pr sir George Alberti (Londres, Royaume-Uni), le Pr Jean-Claude Mbanya (Yaoundé, Cameroun), le Pr Avi Friedman (Montréal, Canada).
Précisons que le consensus sur la prévention du diabète a bénéficié du soutien d'une bourse éducative allouée par le Laboratoire AstraZeneca Pharmaceuticals.

Le diabète est partout

Tous les continents, tous les pays, développés et en développement, sont touchés par l'épidémie de diabète. Dans de nombreux pays du Moyen-Orient, d'Asie, d'Océanie, des Caraïbes, de 12 à 20 % de la population adulte a un diabète.

En Chine, 4,3 % de la population est diabétique de type 2.

L'épidémie, qui touchait surtout la tranche d'âge des 40-59 ans (46 % des diabétiques), s'étend et atteint des personnes de plus en plus jeunes.

On constate qu'un nombre croissant d'enfants, dans les pays développés ou non, sont frappés par le diabète de type 2.

> Dr MARTINE DURON-ALIROL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8189