UNE FONCTION majeure du système immunitaire est d'éliminer les cellules potentiellement malignes.
Les lymphocytes T antitumoraux, en particulier, jouent un rôle pivot dans la surveillance immunologique des cellules cancéreuses.
Ces cellules T peuvent toutefois être poussées vers l'apoptose (dans un processus dit de mort cellulaire induite par activation, ou Aicd), par la voie du récepteur de mort.
Dès lors, on peut supposer que des variations (ou polymorphismes) dans les gènes codant pour les récepteurs, les ligands et les régulateurs de cette voie, confèrent une susceptibilité au cancer en influençant la surveillance immune.
De nombreuses études ont montré que les caspases agissent au niveau de la vie et de la mort des cellules immunitaires et que leurs expressions ou activités anormales sont associées à de nombreuses pathologies, dont le cancer.
L'apoptose cellulaire induite par le récepteur de mort.
Une équipe chinoise, dirigée par le Dr Dongxin Lin, a cherché à savoir si des variants de trois gènes, CASP8, CASP10 et CFLAR, sont associés à une susceptibilité au cancer.
En effet, ces trois gènes, qui résident sur le chromosome 2q33, jouent un rôle important dans l'apoptose cellulaire induite par le récepteur de mort.
Les chercheurs ont utilisé les données de la carte des haplotypes (HapMap), pour la population chinoise, et l'approche des marqueurs SNP.
Ils ont constaté qu'un variant du gène CASP8, caractérisé par une délétion de six nucléotides (652 6N del) dans le promoteur, est associé à un risque réduit de cancer du poumon. Cette délétion détruit le site de fixation d'une protéine stimulatrice et diminue la transcription du gène CASP8.
Comme le montrent les analyses biochimiques, les lymphocytes T porteurs de ce variant ont une activité caspase 8 réduite, et leur mort cellulaire induite par activation (Aicd) est plus faible lors de la stimulation avec des antigènes de cellules cancéreuses.
Enfin, ils ont découvert, dans des études cas-témoins menées au sein de la population chinoise (près de 5 000 individus ayant différents types de cancers, comparés à près de 5 000 témoins), que le variant de délétion génétique est associé à une susceptibilité réduite à toutes sortes de cancers communs (poumon, oesophage, estomac, côlon et rectum, sein, et col de l'utérus).
«Ces résultats étayent l'hypothèse selon laquelle des variants génétiques qui influencent l'état immunitaire modifient la susceptibilité au cancer», concluent les chercheurs.
Deux implications majeures.
Comme l'explique au « Quotidien » le Dr Dongxin Lin, «les porteurs de ce variant ont un risque abaissé d'avoir différents types de cancers car ils pourraient posséder une immunité plus forte pour combattre les cellules malignes et prémalignes».
Il entrevoit deux implications majeures. «Cela aidera à mieux comprendre l'étiologie du cancer humain et l'influence de l'état immunitaire dans la progression du cancer. »
«Par ailleurs, la variation génétique pourrait servir de marqueur génétique pour identifier les individus à risque. C'est un pas important pour cibler la prévention et la détection précoce du cancer. »
«Nous continuons de rechercher d'autres variations génétiques dans la voie d'apoptose induite par le récepteur de la mort, afin d'obtenir une représentation complète de ces variations et de la susceptibilité individuelle au cancer», confie-t-il.
« Nature Genetics », 22 avril 2007, Sun et coll., DOI : 10.1038/ng2030.
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