UNE ETUDE d'observation prospective, paneuropéenne, a été menée à l'initiative du Laboratoire Boehringer, sur 1 023 patients parkinsoniens. Les résultats seront prochainement disponibles ; les premières données confirment la grande prévalence des troubles dépressifs au cours de la maladie de Parkinson (MP) : plus d'un quart des patients en souffrent, parmi lesquels 64 % sont traités par différents antidépresseurs, sans succès dans 39 % des cas… C'est dire la nécessité d'une prise en charge de la dépression, volontiers précoce, précédant souvent l'apparition des symptômes moteurs. Elle n'est corrélée ni à l'âge du patient ni à l'ancienneté de la maladie, et résiste souvent aux antidépresseurs (les sujets âgés répondent mieux, les dépressions mineures, moins bien). Elle participe grandement à l'altération de la qualité de vie des malades.
L'étude témoigne de l'intérêt actuel pour les symptômes non moteurs, souvent précoces, de cette neuropathie dégénérative (atteinte cérébrale multicentrique), longtemps laissés au second plan : altération cognitive, syndromes psychiatriques : anxiété, troubles de l'humeur, de l'adaptation, délire, psychose.
Baisse du déclin dopaminergique sous pramipexole.
Le pramipexole (Sifrol), agoniste dopaminergique non ergoté, est indiqué dans la MP (monothérapie ou association avec la L-dopa) et plus récemment dans le syndrome des jambes sans repos. L'imagerie cérébrale Spect montre une diminution du déclin fonctionnel dopaminergique chez les sujets sous pramipexole ; une donnée intéressante, puisque, alors qu'apparaissent les premiers signes de la maladie, de 50 à 80 % des capacités dopaminergiques ont déjà disparu.
Il améliore de façon significative le tremblement de repos (évocateur, mais inconstant), y compris le tremblement résistant. Différentes données suggèrent un effet bénéfique sur les symptômes dépressifs : les trois quarts de 1 392 patients améliorés (étude ouverte, association à la lévodopa), impact significatif sur la motivation chez 64,8 % (placebo : 42,4 % ; métaanalyse de 1 300 cas). Chez des patients stables sous lévodopa, sans complications motrices, il a une efficacité antidépressive comparable à celle d'un antidépresseur, avec amélioration du score moteur. D'autres essais sont attendus. Sa forte affinité pour les récepteurs à la dopamine D3 de l'aire cérébrale méso-limbique pourrait expliquer les effets antidépresseurs.
Un traitement précoce de la maladie pourrait contrôler les symptômes émergents et éviter les complications motrices (ou non…).
L'essai CALM PD sur quatre ans, comparant pramipexole avec lévodopa en traitement précoce, montre que l'apparition de complications motrices est retardée de façon significative sous pramipexole (risque de dyskinésies diminué de moitié).
Afin de préciser l'impact d'un traitement dès l'apparition des symptômes sur l'évolution de la maladie, l'essai multinational PROUD (évaluation de l'impact potentiel du pramipexole sur l'évolution de la MP) est mis en place.
Ingelheim, conférence de presse internationale organisée par Boehringer Ingelheim, avec les Prs A. Schapira (G.-B.), M. Lemke (Allemagne) et W. Poewe (Autriche).
Avant la maladie...
La prévention de la maladie est l'objectif ultime... Certains facteurs auraient sur une maladie au déterminisme génétique complexe une influence « protectrice » (tabagisme, consommation de café, voire d'Ains) ou néfaste (pesticides, herbicides). Est à l'étude chez les apparentés de malades un dépistage précoce de signes avant-coureurs, comme la perte de l'odorat (couplage à imagerie Spect).
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