QUELQUE 265 000 malades sur 770 000 habitants, 237 décès, soit un taux de mortalité de 1/1 000. Une séroprévalence de 35 %, confirmant que le nombre des cas cliniques asymtomatiques était très faible. L'île de la Réunion a payé en 2006 un très lourd tribut au chikungunya. L'épidémie dans sa forme particulièrement symptomatique a commencé dans la région de l'océan Indien dès 2004. Le Kenya a été touché le premier, suivi des Comores en 2005. Après l'île de la Réunion, Madagascar, l'île Maurice et les Seychelles en 2006, de nombreux pays d'Asie sont aujourd'hui concernés. En Inde, l'épidémie a commencé en décembre 2005. Au mois d'octobre 2006, au moins treize Etats sur les trente-cinq parmi les plus peuplés du pays étaient touchés. Pendant l'année 2006, 1,4 million de cas suspects ont été notifiés aux autorités sanitaires indiennes. Au Sri Lanka, plus de 200 000 cas compatibles avec une infection à chikungunya auraient été recensés durant l'année 2006. La Malaisie, qui subit des épidémies de chikungunya de faible intensité depuis 1999, a déclaré à l'OMS que 36 cas confirmés sont survenus durant le mois de décembre 2006. Au total, 2 millions de personnes dans le monde ont été concernées par la forme grave de la maladie depuis le début de l'épidémie dans l'océan Indien.
Une mutation sur un gène de l'enveloppe.
Comment en est-on arrivé là ? Pour les Drs Rémi Charrel, Xavier de Lamballerie et Didier Raoult (Marseille), «ce phénomène pourrait être lié à la conjonction de deux éléments. D'une part, le séquençage du génome du virus détecté à la Réunion montre que, par rapport au virus habituel, il existait une mutation A226V sur le gèneE1 de l'enveloppe, qui pourrait expliquer la modification de l'infectivité du virus». Des études du génome bactérien ont, en effet, permis de dater avec précision le moment d'apparition de la mutation dans l'océan Indien entre le printemps et l'automne 2005. D'autre part, des modifications d'habitat des vecteurs, les moustiques de type Aedes aegypti, pourraient avoir été mises en cause dans l'épidémie.
Dans certaines régions cohabitent A.aegypti et A.albopictus, le vecteur historique du chinkungunya à la Réunion, à Mayotte et à Madagascar. Les modifications climatiques, les voyages aériens, l'introduction de plantes, d'invertébrés et de vertébrés dans des territoires où ils étaient inconnus tendent à modifier les conditions écologiques et à favoriser l'émergence de nouvelles espèces animales. Aujourd'hui, A.aegypti sévit dans des régions où il était encore inconnu il y a vingt ans, tels que le bassin méditerranéen, le sud de la France, une grande partie des deux continents américains, la Chine et l'Australie. «Dans ces conditions, il est possible d'imaginer l'émergence de cas de chinkungunya dans ces régions dans les années à venir», concluent les auteurs.
« New England Journal of Medicine », 356 ; 769-771, 22 février 2007.
Situation calme en 2007
Le pic épidémique de chikungunya, en 2006, avait été observé au cours de la semaine du 6 au 12 février. Depuis le début de l'année 2007, le nombre de cas de chikungunya identifiés chaque semaine a été inférieur à 200, ce qui, pour l'InVS (Institut national de veille sanitaire), correspond à une transmission sporadique. La situation épidémiologique actuelle est donc différente de celle observée l'année dernière à la même période. Bien que très peu active, la transmission virale se poursuit cependant et, malgré l'importance de l'épidémie enregistrée en 2005-2006, la population encore susceptible d'être infectée reste suffisante pour qu'un tel phénomène se reproduise.
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