Pollution et mortalité cardio-vasculaire féminine

Un risque des particules fines

Publié le 31/01/2007
Article réservé aux abonnés
1276100692F_Img244487.jpg

1276100692F_Img244487.jpg

PLUSIEURS études sur la pollution des grandes villes ont montré un lien entre les concentrations des particules fines dans l’air (diamètre inférieur à 2,5 microns) et le risque accru de décès par maladie cardio- vasculaire. Les particules fines, émises principalement par les moteurs Diesel, s’inhalent facilement et pénètrent profondément dans les poumons.

Ces études, toutefois, ont évalué la mortalité en se fondant uniquement sur les certificats de décès. De plus, elles ont établi l’exposition annuelle moyenne aux particules polluantes dans chaque ville, et ont comparé ensuite les effets sur la santé pour chaque ville.

L’étude de Miller et coll., portant sur la cohorte prospective de la Women’s Health Initiative (WHI), comporte plusieurs avantages sur ces précédentes études.

Différentes expositions au sein d’une même ville.

D’une part, les investigateurs ont défini les événements cardio-vasculaires et la mortalité en examinant objectivement les dossiers médicaux. Les nombreux facteurs de risque cardio-vasculaire ont été pris en compte. D’autre part, ils ont pu comparer les différentes expositions au sein d’une même ville. Enfin, les différents polluants atmosphériques urbains ont été considérés.

Leur étude porte sur 65 893 femmes ménopausées qui ont été enrôlées entre 1994 et 1998 dans l’étude WHI. Cette étude d’observation visait à évaluer les premiers événements cardio-vasculaires spécifiques (infarctus du myocarde, revascularisation coronarienne, AVC et décès d’origine coronarienne ou cérébrovasculaire). Un questionnaire initial en évaluait notamment les facteurs de risque.

Toutes ces femmes étaient exemptes d’antécédent cardio-vasculaire lors de leur enrôlement (à l’âge moyen de 63 ans). Elles ont été suivies en moyenne pendant six ans, durant lesquels 1 816 femmes ont présenté un événement cardio-vasculaire.

Elles habitaient dans l’une des grandes villes américaines et, pour la majorité d’entre elles, au même lieu de résidence depuis plus de vingt ans.

Miller et coll. ont établi, pour chacune des femmes, leur exposition moyenne durant l’année 2000 vis-à-vis des différents polluants atmosphériques. Ils ont utilisé pour cela la station de surveillance la plus proche du domicile (données recueillies auprès de l’Agence américaine de protection de l’environnement).

De 3,4 µg/m3 à 28,3 µg/m3 d’air.

Les taux d’exposition aux particules fines ont montré des variations allant d’un minimum de 3,4 µg/m3 (à Honolulu) à un maximum de 28,3 µg/m3 (à Riverside, en Californie).

L’analyse montre que parmi tous les polluants considérés, seules les particules fines sont associées à un risque cardio-vasculaire accru.

Des taux plus élevés de particules fines polluantes sont associés à des taux plus élevés de décès et de complications par maladie cardio-vasculaire et cérébrovasculaire.

Ainsi, pour chaque augmentation de 10 µg/m3 de ces particules, le risque d’événement cardio-vasculaire augmente de 24 % (RR de 1,24) et celui de décès par maladie cardio-vasculaire croît de 76 % (RR de 1,76). Ce risque de décès associé aux particules fines est supérieur aux estimations de mortalité rapportées dans les précédentes études de cohorte américaines. Elles n’utilisaient que les certificats de décès et portaient sur une population moins sélective (RR de 1,12 pour les décès par maladie cardio-vasculaire dans une étude de l’American Cancer Society).

En plus du risque accru de maladie coronarienne, l’étude identifie également un risque accru de maladie cérébrovasculaire (RR de 1,35).

Enfin, les différentes expositions au sein des villes sont bien associées à un risque différent de maladie cardio-vasculaire.

Les mécanismes par lesquels la pollution atmosphérique par les particules fines influence le risque de maladie cardio-vasculaire restent incertains et sont encore en investigation.

«Notre étude confirme les précédents rapports et indique que l’ampleur des effets sur la santé pourrait être plus importante que ce que l’on avait reconnu, concluent les investigateurs. Cela suggère que les efforts pour limiter l’exposition prolongée à la pollution des particules fines sont justifiés.»

« New England Journal of Medicine », 1er février 2007, pp. 447 et 511.

> Dr VERONIQUE NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8096