CHEZ LES PATIENTS asthmatiques en particulier, la grippe, comme la plupart des viroses respiratoires, majore l’hyperréactivité bronchique. Elle est responsable d’exacerbations de la maladie, sous forme de crises répétitives, difficilement contrôlables, persistant pendant plusieurs jours ou semaines, avec parfois une évolution vers un état de mal asthmatique. Chez l’enfant asthmatique, les viroses respiratoires sont responsables de 85 % des exacerbations, le virus influenza arrivant en troisième position après les rhinovirus et le virus syncytial respiratoire (VRS) ; la grippe est une cause commune d’hospitalisation.
Egalement les patients atteints de Bpco.
La diminution de la morbi-mortalité liée à la grippe fait donc l’objet d’une politique de santé publique orientée selon deux grands axes : l’éducation à des mesures d’hygiène permettant de limiter la propagation de l’épidémie ; la vaccination des personnes à risque. Jusqu’à présent, seulement neuf affections de longue durée, dont l’asthme grave et les patients de plus de 65 ans, bénéficiaient de la gratuité du vaccin. Depuis le mois d’octobre dernier, l’assurance-maladie a décidé d’étendre cette gratuité à tous les patients asthmatiques, quels que soient leur âge ou la gravité de leur maladie. Cette extension concerne également les patients atteints de Bpco, ceux prenant un traitement prolongé par aspirine, ceux séjournant dans des établissements de santé (moyens ou longs séjours) et, enfin, les enfants atteints de la maladie de Kawasaki.
Malgré cette politique de santé, la couverture vaccinale est insuffisante en France. En 2005, 24 % de la population générale a été vacciné, mais seulement 55 % des porteurs d’une des neuf ALD concernées par le remboursement. En pédiatrie, les chiffres sont encore moins bons, avec un taux de 43,7 % parmi les enfants bénéficiant de la gratuité du vaccin et un taux de 9,1 % parmi les asthmatiques.
Pourtant, de nombreuses études réalisées contre placebo ont montré la bonne tolérance du vaccin antigrippal chez l’asthmatique, avec une absence d’augmentation de prise de bronchodilatateurs ou du nombre d’exacerbations. La principale contre-indication à prendre en compte chez les asthmatiques, qui présentent souvent des hypersensibilités associées, est l’allergie vraie à l’oeuf. La quantité d’oeuf contenue dans le vaccin est très faible et l’injection est possible dans la majorité des cas, après la réalisation de tests cutanés.
Il convient donc à tous les professionnels de santé de sensibiliser leurs patients asthmatiques à la nécessité de la vaccination. Les réticences sont encore nombreuses, d’autant plus qu’il faut renouveler l’injection chaque hiver. En pédiatrie, le problème est accru par le fait que, jusqu’à l’âge de 8 ans, deux injections à un mois d’intervalle sont nécessaires pour obtenir une bonne immunisation, à ajouter chaque année à un calendrier vaccinal déjà chargé.
La décision de l’assurance-maladie arrive un peu tardivement dans la saison. Selon les régions, certains patients commencent juste à recevoir les bons de vaccination gratuite. Il convient donc de les informer le plus rapidement possible, afin qu’ils en fassent la demande auprès de leur caisse d’assurance-maladie, le cas échéant. Même s’il est préférable de se faire vacciner le plus tôt possible et que la Sécurité sociale fixe administrativement la date limite de vaccination au 31 décembre, tant que l’épidémie est active dans une région, il est encore temps de se faire vacciner.
D’après la conférence de presse « Pourquoi la grippe est-elle dangereuse chez l’asthmatique ? », organisée par l’association Asthme et Allergies, avec le soutien de sanofi-pasteur MSD.
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