L’EQUIPE de Lluis Fajas et de Jean-Sébastien Annicotte travaille sur PPAR gamma, un récepteur protéique nucléaire qui active la transcription des gènes de la formation du tissu adipeux (travail dans le contexte des maladies associées : diabète et obésité).
Il avait été montré que, lorsqu’on active cette protéine spécifique, on stimule l’adipogenèse.
Et que lorsqu’on utilise un inhibiteur d’une protéine qui tend à réprimer la transcription des gènes, HDAC (histone déacétylase, qui inhibe activement PPAR gamma), on augmente également la transcription. L’association des deux, l’agoniste de PPAR gamma et l’inhibiteur d’HDAC, produit un effet «au moins additif», toujours dans le contexte du tissu adipeux.
En outre, de nombreux travaux ont trouvé que PPAR gamma est surexprimé dans le cancer de la prostate.
Progression bloquée et invasion stoppée.
Les constats précédents laissant supposer que PPAR gamma peut devenir une cible thérapeutique intéressante, les chercheurs montpelliérains ont travaillé à cet effet sur des lignées cellulaires de cancer de la prostate et sur un modèle murin de ce cancer. Ils ont utilisé des agonistes de PPAR gamma (la pioglitazone et la rosiglitazone, commercialisés dans le diabète de type 2) et un inhibiteur d’HDAC (Dépakine, utilisé dans l’épilepsie).
«Les résultats obtenus sont probants. Non seulement cette association médicamenteuse bloque la progression de la tumeur sur des cancers localisés, mais elle stoppe également le mécanisme d’invasion de la tumeur lors de ce cancer métastasé.»
Il existe bien une inhibition de la prolifération des cellules cancéreuses dans le cancer de la prostate. Une étude clinique avait été entreprise en 2004 à l’aide de la rosiglitazone dans ce cancer, mais il n’y avait pas eu d’effet. C’est donc l’association des deux molécules qui pourrait être intéressante.
Les chercheurs ont des explications moléculaires qui pourraient permettre de comprendre pourquoi chaque molécule utilisée seule n’a pas d’effet, et pourquoi l’association des deux exerce un effet au moins additif, constaté sur les modèles in vitro et in vivo.
Des essais chez l’homme prévus à Montpellier.
La réalisation d’essais cliniques chez l’homme est d’ores et déjà à l’étude, font savoir Jean-Sébastien Annicotte, Lluis Fajas et coll. Des essais vont être conduits au Crlc (centre régional de lutte contre le cancer) du Val-d’Aurelle à Montpellier (Pr Stéphane Culine). «L’utilisation de cette association de médicaments déjà connus dans le traitement du diabète et de l’épilepsie devrait permettre aux chercheurs de s’affranchir de longues étapes inhérentes à tout essai clinique.»
Lluis Fajas a été lauréat du programme « Avenir » lancé par l’Inserm en 2001, destiné à financer des travaux scientifiques innovants de jeunes chercheurs. Les travaux réalisés par l’équipe de l’Inserm ont été menés notamment dans ce cadre-là.
Jean-Sébastien Annicotte, Irena Iankova, Stéphanie Miard et coll. « Molecular and Cellular Biology », octobre 2006.
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