LA MISE EN PLACE en 2001, par le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (Gpip), d’un Observatoire national des méningites de l’enfant permet une surveillance épidémiologique continue de ces infections. Cet observatoire fonctionne en réseau et comprend plus de 400 services pédiatriques hospitaliers et laboratoires répartis sur l’ensemble du territoire. Ce réseau de surveillance est géré par l’Association clinique et thérapeutique infantile du Val-de-Marne (Activ). La participation est fondée sur le volontariat. L’observatoire permet de surveiller l’épidémiologie des méningites bactériennes : incidence, tendances évolutives, données bactériologiques, et dresse un bilan annuel de la situation. L’exhaustivité de cette méthode est estimée à environ 60 %. L’observatoire permet également d’élargir la surveillance à d’autres bactéries que le méningocoque, qui fait l’objet d’une déclaration obligatoire.
Six cents cas par an.
Le nombre de méningites bactériennes de l’enfant est estimé à environ 600 cas par an en France. Les germes en cause sont différents selon l’âge. Le pneumocoque est le principal germe avant 2 ans, soit environ 46 % des cas de méningite avant 2 ans et près de 30 % des méningites de l’enfant. Après 2 ans, le principal germe est le méningocoque. Le pronostic des méningites à pneumocoque est inférieur à celui des méningites à méningocoque : taux de mortalité estimé à 11 % pour le pneumocoque contre 7 % pour le méningocoque (hors purpura fulminans). Les méningites à Haemophilus influenzae ont pratiquement disparu depuis la vaccination systématique mise en place en 1992. Les méningites néonatales sont encore fréquentes. Les deux germes les plus courants sont le streptocoque B et E.coli. Aucun moyen de prévention efficace n’existe pour ces infections. Etant donné leur gravité, le diagnostic précoce est indispensable. Ainsi, toute fièvre chez un nouveau-né de moins de 2 mois impose un avis spécialisé rapide.
Parmi les facteurs de risque de méningite bactérienne, on retrouve fréquemment : le jeune âge et la prématurité, les maladies chroniques, les déficits immunitaires et du complément, l’asplénie et la drépanocytose. Le jeune âge, et notamment avoir moins de 2 ans, est un facteur de risque majeur d’infection à pneumocoque. Ainsi, la vaccination contre le pneumocoque devra être administrée précocement. La survenue d’une infection à pneumocoque chez le grand enfant devra faire rechercher systématiquement une brèche ostéo-méningée, constitutionnelle ou acquise.
Le diagnostic de méningite bactérienne est évoqué devant la présence d’un syndrome méningé. Toutefois, un tableau atypique est possible et doit faire évoquer le diagnostic : hypotonie de la nuque chez le nourrisson, notamment. Le purpura fulminans signe la présence d’une bactériémie à méningocoque et s’accompagne souvent de signes de choc sans syndrome méningé.
Les recommandations vaccinales ont été modifiées récemment sur avis du Conseil supérieur d’hygiène publique de France. La vaccination contre le pneumocoque était auparavant recommandée uniquement pour les groupes dits à risque : vie en collectivité, entre autres. Désormais, la vaccination contre le pneumocoque est recommandée pour tous les enfants de moins de 2 ans. Le schéma vaccinal comporte trois injections (Prevenar) à un mois d’intervalle suivies d’un rappel entre 12 et 15 mois. La vaccination doit être débutée précocement dès l’âge de 2 mois et concerne aussi les prématurés qui ont un risque plus élevé d’infection. Chez les enfants plus âgés, entre 2 et 5 ans, la vaccination est recommandée uniquement si le sujet est considéré comme à risque élevé : brèche ostéo-méningée, diabète, syndrome néphrotique, asplénie, drépanocytose, ou encore certaines cardiopathies congénitales. Le schéma vaccinal est dans ce cas le suivant : deux doses de Prevenar à deux mois d’intervalle, suivies deux mois après d’une dose de Pneumo 23. Le vaccin contre le pneumocoque (Prevenar) est un vaccin conjugué dirigé contre sept souches de pneumocoque, qui est immunogène dès les premiers jours de vie. L’extension du schéma vaccinal avec l’inclusion du vaccin 23 valent (Pneumo 23) permet d’élargir la prophylaxie à vingt-trois souches de pneumocoque, mais ce vaccin n’est pas immunogène chez le nourrison ; il n’est donc indiqué qu’à partir de l’âge de 2 ans.
Le traitement des méningites bactériennes repose toujours sur l’antibiothérapie : céphalosporines de 3e génération associées à la vancomycine en cas d’infection à pneumocoque. Les autres moyens prophylactiques restent d’actualité : antibioprophylaxie +/– vaccination de l’entourage proche, en cas de méningites à méningocoque.
Les nouvelles recommandations vaccinales vont peut être permettre de réduire de façon significative l’incidence des méningites à pneumocoque en France. Reste à appliquer les recommandations et à garantir une couverture vaccinale suffisamment élevée pour que recule effectivement le nombre de ces infections.
D’après un entretien avec le Dr Jean Sarlangue, pédiatre, hôpital Pellegrin, Bordeaux.
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