LA RHINITE ALLERGIQUE est une affection de plus en plus fréquente : elle concerne près d’un tiers des enfants scolarisés ; rare avant l’âge de 5 ans, sa fréquence est maximale après la puberté.
Un enfant souffrant de rhinite allergique est trois fois plus exposé au développement d’un asthme qu’un enfant non allergique. Chez un enfant asthmatique, une rhinite non soignée peut aggraver l’asthme et favoriser les exacerbations.
Différentes études ont démontré la fréquente coexistence de ces deux affections qui sont des expressions différentes d’un processus inflammatoire commun touchant les voies aériennes supérieures et inférieures. Elles sont le plus souvent en rapport avec une allergie IgE médiée et la réponse inflammatoire associée met en jeu les mêmes cytokines, les mêmes cellules inflammatoires (mastocytes, lymphocytes Th2, basophiles et éosinophiles) et les mêmes médiateurs de l’inflammation dans la muqueuse nasale et bronchique.
La rhinite précède le plus souvent l’asthme, des facteurs favorisant son apparition ont été identifiés, dont l’atopie, des épisodes de sifflements dans les trois premières années de la vie, l’asthme chez la mère, une sensibilisation aux allergènes domestiques, le taux d’IgE totales.
Les même allergènes sont en cause dans la rhinite allergique et l’asthme : allergènes saisonniers (pollens, graminées, herbacées), allergènes domestiques (acariens, animaux, moisissures), tabagisme, pollution atmosphérique, etc.
Le programme Aria.
Auparavant divisée en rhinite allergique saisonnière et pérenne selon le caractère saisonnier ou non saisonnier des allergènes incriminés, la rhinite allergique a fait l’objet d’une nouvelle classification. La classification Aria (Allergic Rhinitis and Its Impact on Asthma) (1) qui insiste sur la relation entre la rhinite allergique et l’asthme et caractérise la rhinite en fonction de la durée de la symptomatologie et de l’impact des symptômes sur la qualité de vie.
Elle différencie les rhinites intermittentes, dont les symptômes sont présents moins de quatre jours par semaine ou moins de quatre semaines par an, des rhinites persistantes, dont les symptômes durent plus de quatre jours par semaine ou plus de quatre semaines par an.
Les rhinites intermittentes ou persistantes sont jugées légères ou modérées à sévères en l’absence ou en présence de symptômes retentissant sur le sommeil, les activités scolaires ou la vie quotidienne.
Reliées à cette classification, les nouvelles recommandations Aria pour le traitement de la rhinite allergique ont été publiées récemment sous l’égide de l’OMS.
Etant donné l’étroite relation existant entre la rhinite allergique, surtout persistante, et la maladie asthmatique, la recherche d’un asthme doit être effectuée systématiquement ches les enfants atteints de rhinite allergique persistante.
Symptômes et immunité.
L’éviction des allergènes est la première étape du traitement, elle sous-entend que les allergènes en cause ont été clairement identifiés. Elle est relativement facile à appliquer pour les allergènes domestiques (acariens, phanères d’animaux, blattes), elle est néanmoins rarement suffisante pour faire disparaître la symptomatologie et elle est impossible pour les allergènes extérieurs (arbres, graminées…).
Le traitement médicamenteux de la rhinite allergique a un double impact : agir sur les symptômes et agir sur l’immunité.
En cas de rhinite intermittente légère, le traitement de premier choix fera appel à un antihistaminique oral. Si la rhinite est intermittente et d’intensité modérée à sévère ou persistante d’intensité légère, le choix se fera entre un antihistaminique oral ou un corticoïde nasal.
Si le traitement de première intention ne permet pas de contrôler parfaitement la symptomatologie, on peut associer un corticoïde nasal et un antihistaminique et un antileucotriène qui potentialise l’action de l’antihistaminique (le montelukast a reçu l’autorisation de mise sur le marché pour le traitement de la rhinite allergique chez l’adulte et chez l’enfant à partir de 6 ans).
L’immunothérapie spécifique par voie sous-cutanée ou par voie sublinguale peut être proposée à l’enfant atteint de rhinite allergique avec un asthme sous-jacent, les résultats obtenus sont satisfaisants, notamment quant ce traitement est débuté précocement.
D’après un entretien avec le Dr Pascal Leroux, chef du service des urgences pédiatriques, groupe hospitalier, Le Havre.
(1) Bousquet J, Van Cauwenberg P, Khaltaev N, Aria Workshop Group. Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma (Aria). « J Allergy Clin Immunol » 2001 ; 108 (suppl. 5) : S147-S333.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature