15-17 juin 2006 à Biarritz
LE SYNDROME METABOLIQUE suscite toujours de nombreux débats. Ce concept n’est pas nouveau, puisque, dès 1923, Kylin rapportait le caractère délétère de l’association de l’hypertension artérielle, de l’hyperglycémie et de la goutte. Jean Vague, dans les années 1950, a décrit une forme particulière d’obésité abdominale, dite «androïde», qui «prédispose au diabète de type2 et à l’athérosclérose». Puis, en 1988, Gerald Reaven a introduit le concept de syndrome X, aujourd’hui dénommé syndrome métabolique, qui correspond à la coexistence de plusieurs anomalies : insulinorésistance, hyperinsulinémie, hyperglycémie, intolérance au glucose, dyslipidémie (augmentation des Vldl et des triglycérides, HDL bas), adiposité abdominale et élévation de la pression artérielle.
La prévalence varie en fonction de la définition.
Le syndrome métabolique motive beaucoup de publications et les paramètres pris en compte sont aussi nombreux que les définitions proposées. Les dernières définitions datent de 2005, issues de l’IDF et de l’AHA-NHLBI. «La majorité des études réalisées ces dernières années se fondent toutefois sur la définition du NCEP-ATP III», précise Beverley Balkau.
Les seuils retenus sont arbitraires, mais sont tous sous les valeurs thérapeutiques habituelles. Le nombre d’anomalies et leur poids respectif sont également arbitraires. Selon la définition retenue, la prévalence du syndrome métabolique varie assez nettement. En France, par exemple, un travail mené dans le Centre sur une population de 20 000 hommes et 20 000 femmes âgés de 20 à 74 ans fait état d’une prévalence de 10 % (NCEP-ATP III), 18 % (AHA) et 21 % (IDF) chez les hommes et, respectivement, de 9, 14 et 17 % chez les femmes. Avec, comme dans l’étude MONICA, des disparités selon les villes. Quelle que soit la définition retenue, le syndrome métabolique, constellation de petites anomalies, a un impact délétère, avec une augmentation du risque de diabète et de maladies cardio-vasculaires. En France, le risque relatif de diabète est de 2,4 chez les hommes et de 3,3 chez les femmes ayant un syndrome métabolique.
Quelle valeur prédictive du risque ?
Mais le syndrome métabolique est-il un meilleur facteur prédictif de diabète que l’hyperglycémie ? Non, selon les résultats d’une étude menée sur une population d’Indiens Pima suivis pendant quatre ans dans le cadre de la San Antonio Heart Study.
De même, à la lumière des études de Ford et de Hiller, le syndrome métabolique est moins prédictif du risque de maladies cardio-vasculaires que les échelles de risque (Score, par exemple).
Enfin, la reconnaissance du syndrome métabolique permet-elle de dépister de nouveaux sujets à risque ? Oui, chez les hommes, surtout s’ils sont à faible risque (< 5 %), selon un travail très récent (« Eur J Cardiovasc Prev Rehabil » 2006). En revanche, le syndrome n’a pas de valeur prédictive chez les sujets à haut risque, ni chez les femmes, quel que soit leur risque.
D’après la communication du Pr Beverley Balkau, Inserm U780-IFR 69, Villejuif.
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