LA CONJONCTION de deux constats a conduit des médecins londoniens, Mary C.M. MacIntosh et coll., à mettre en place une étude sur un an, de mars 2002 à mars 2003. Ces deux éléments sont l’existence, bien connue, de risques néonatals chez les enfants issus d’une mère diabétique de type 1, d’une part, et, d’autre part, l’augmentation croissante de la forme de type 2 dans la population jeune. Si la littérature est abondante sur le premier thème, elle l’est bien moins sur le devenir néonatal en cas de diabète de type 2 maternel.
L’étude a été menée dans 231 maternités d’Angleterre, du pays de Galles et d’Irlande du Nord. Elle s’est attachée à déterminer le taux de mortalité périnatale et d’anomalies congénitales en comparant des femmes atteintes de diabète de type 1 ou 2. Les résultats obtenus confirment les notions connues en cas de diabète maternel et révèlent la similitude des conséquences quel que soit le trouble de la glycorégulation.
2 359 accouchements de femmes diabétiques.
Au cours de l’année d’observation, 2 359 accouchements de femmes diabétiques de type 1 (n = 652) et 2 (n = 1 707) ont été analysés. Globalement, la mortalité périnatale a été de 31,8 pour 1 000. Elle a été comparable entre les deux groupes de mères, 31,7 pour 1 000 en cas de type 1 et 32,3 pour 1 000 en cas de type 2. Un taux pratiquement quatre fois plus élevé que celui rencontré dans la population générale. Plus précisément, 63 décès in utero et 22 néonatals ont été relevés. Parmi les 63 morts avant terme, 52 étaient indemnes d’anomalie congénitale.
En ce qui concerne les anomalies congénitales majeures, elles étaient au nombre de cent quarante et une, regroupées sur 109 bébés. La prévalence globale a été de 46 pour 1 000, soit plus du double du nombre attendu dans la population générale. Ici encore, la différence entre les deux types de mères diabétiques n’est pas parlante : 48 pour 1 000 naissances en cas de diabète de type 1 et 43 pour 1 000 en cas de type 2. Selon les auteurs, cette augmentation de prévalence est le fait des anomalies du système nerveux (2,7 fois plus que dans la population générale), essentiellement les anomalies de fermeture du tube neural (4,2 fois plus élevées) et des cardiopathies congénitales (3,4 fois).
Le dépistage échographique anténatal.
Ces deux pathologies permettent de faire deux constats. Le premier concerne les pathologies cardiaques. Elles tirent bénéfice du dépistage échographique anténatal. Il permet de faire diminuer la mortalité néonatale qui leur est attachée. Dans 55 % des cas, les cardiopathies ont été diagnostiquées au cours de la grossesse. A propos des défauts de fermeture du tube neural, les auteurs suggèrent que la dose d’acide folique recommandée préventivement (5 mg) soit augmentée dès avant la conception jusqu’à la 12 e semaine, chez ces patientes.
D’autres malformations ont été notées, avec une moindre fréquence. Elles atteignent les membres ou le système musculo-squelettique.
L’étude britannique a permis un dernier constat, plus épidémiologique. Il porte sur la population des femmes diabétiques de type 2. Elles étaient issues le plus souvent de minorités ethniques, noire, asiatique ou autre (48,8 % des diabétiques de type 2 contre 9,1 % des diabétiques de type 1). Elles aussi vivaient également plus souvent dans des zones défavorisées (46,3 % en cas de type 2 contre 22,8 % pour le type 1). Ces notions sociales ne sont pas sans influer sur les résultats de l’étude. Les chercheurs rappellent que la grossesse requiert fréquemment un passage à l’insuline en cas de diabète de type 2. L’environnement culturel et linguistique, le mode de vie et de prise en charge sanitaire de ces femmes peuvent entrer en ligne de compte dans le traitement, donc influer sur le risque de malformations. D’autant que, comme le rappellent les Britanniques, un bon contrôle glycémique est indispensable pour réduire le risque d’anomalies congénitales.
« British Medical Journal », édition avancée en ligne.
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