ON UTILISE la caféine chez les prématurés pour la prévention des apnées et aussi pour faciliter le sevrage des respirateurs artificiels.
L’usage de la caféine s’appuie sur une utilisation ancienne, qui a été peu validée par des études randomisées. Il existe seulement quelques études à court terme et de relativement petite taille. On est légitimé à s’interroger sur les effets à long terme de la caféine sur le développement d’organes sensibles comme le système nerveux.
Schmidt et coll. pallient ce manque en menant une grande étude internationale, contrôlée et contre placebo, sur l’administration de caféine chez des prématurés. Ils en rapportent des résultats à court terme.
Les données sur le critère principal d’évaluation, un critère composite comprenant les décès, la paralysie centrale, un retard cognitif, une surdité et une cécité aux âges corrigés de 18 et 21 mois ne sont pas encore disponibles.
Poids de naissance compris entre 500 g et 1 250 g.
L’étude a permis d’inclure 2 006 prématurés ayant un poids de naissance compris entre 500 g et 1 250 g et chez qui une indication d’analeptiques respiratoires a été posée soit pour le traitement d’une apnée, soit pour faciliter une extubation au cours des dix premiers jours de la vie.
L’une des observations importantes de l’étude est que les enfants du groupe sous caféine ont eu un raccourcissement des durées sous pression positive et sous ventilation assistée par rapport au groupe placebo. Ils ont aussi un moindre risque de présenter une dysplasie broncho-pulmonaire, définie par le besoin d’une supplémentation en oxygène à l’âge corrigé de 36 semaines.
En revanche, il n’y a pas de différences d’un groupe à l’autre concernant l’incidence des rétinopathies de la prématurité. Il n’y en a pas non plus pour ce qui est des taux d’entérocolites nécrosantes, des signes échographiques d’altération cérébrale ou de survenue de décès avant la sortie de l’hôpital. Pendant les trois semaines qui ont suivi la randomisation, le gain pondéral a été moindre dans le groupe caféine.
La question à laquelle il faut maintenant chercher une réponse concerne la réduction du besoin d’aide ventilatoire : reflète t-elle une réelle réduction des dommages pulmonaires, ou une stimulation des commandes centrales de la respiration, ou bien encore une association des deux ? Sachant que l’on a observé dans les expériences animales, mais aussi chez des humains, une augmentation de la contractilité diaphragmatique sous l’effet de la caféine.
Améliorer la mécanique pulmonaire.
Ensuite, y a-t-il réellement moins de dommages du tissu pulmonaire chez les enfants traités par caféine ? Les donnée sur les modèles animaux et les enfants prématurés suggèrent que la caféine peut améliorer la mécanique pulmonaire et les échanges gazeux des poumons prématurés et altérés.
L’effet protecteur de la caféine pourrait être en relation avec une autre observation intrigante : il y a moins d’interventions pour fermeture du canal artériel chez les prématurés. On sait que la persistance du canal artériel peut entraîner une détérioration fonctionnelle et un risque accru de dysplasie broncho-pulmonaire. Ce qui pourrait être une explication à la réduction des dysplasies broncho-pulmonaires observée sous caféine.
Ces résultats concernent les effets à court terme. Le suivi da la cohorte aux âges corrigés de 18 à 21 mois et de 5 ans est en cours.
« New England Journal of Medicine », 354 ; 20, pp. 2112-2121 et éditorial pp. 2179-2181.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature