POUR TRAITER les communications congénitales entre les cavités cardiaques (CIV et CIA), on utilise maintenant le plus souvent possible les procédés de cardiologie interventionnelle, consistant à mettre en place une prothèse d’occlusion par cathéter. Ce traitement est «relativement facile à appliquer chez des enfants de 8 à 10kg», explique au « Quotidien » le Pr Bernard Kreitmann, chirurgien cardiaque pédiatrique dans le service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire dirigé par le Pr Dominique Metras à l’hôpital de la Timone (Marseille). Mais certaines CIV sévères doivent être traitées rapidement, avant que l’enfant n’ait atteint ce poids. Si la CIV est située en position apicale (vers la pointe du coeur) comme dans le cas traité par l’équipe marseillaise, cela pose de délicats problèmes de traitement. La chirurgie à coeur ouvert ne peut être appliquée car l’incision du coeur serait trop délabrante. On réalise habituellement un traitement palliatif en deux étapes : d’abord un cerclage de l’artère pulmonaire pour éviter l’hyperdébit sanguin pulmonaire, puis, lorsque l’enfant a grandi et atteint une taille et un poids suffisants, la pose d’une prothèse de fermeture par cardiologie interventionnelle suivie du décerclage de l’artère.
Pour réaliser le traitement d’une CIV apicale menaçant le pronostic vital d’une petite fille de 2 mois ne pesant pas plus de 3,5 kg, le chirurgien a allié ses compétences à celles du Pr Alain Fraisse qui est cardiologue pédiatrique à la Timone.
Solution hybride.
La solution « hybride » a consisté à combiner l’abord de la chirurgie et de la cardiologie interventionnelle. La chirurgien a réalisé un abord direct du coeur par lequel a pu ensuite être mise en place la prothèse d’occlusion intracardiaque (« Amplatzer »).
Après un peu plus de deux mois de suivi, la petite fille est en bonne santé, guérie de sa malformation cardiaque. «Elle pèse plus de 5kg et mène une vie de nourrisson tout à fait normale», précise le chirurgien.
«C’est a priori la première fois en Europe, à notre connaissance et d’après la littérature, que cette technique en équipe médico-chirurgicale est réalisée pour traiter des enfants», poursuit le spécialiste. Seuls une dizaine de cas semblables ont été réalisés aux États-Unis dont la plupart concernent des enfants plus âgés.
La technique palliative comporte un risque d’échec non négligeable, qui est réduit si la communication peut être traitée d’emblée.
«Notre expérience montre, d’une part, la faisabilité de la technique, qui peut guérir des enfants de moins de 4kg ayant une CIV apicale. Elle indique aussi qu’en combinant une approche médicale et chirurgicale on améliore la prise en charge des patients.»
Chaque année, entre 3 000 et 3 500 interventions sont réalisées en France en chirurgie cardiaque pédiatrique.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature