Tant pour les adultes que pour les enfants

Onze centres de traitement de l’obésité à l’AP-HP

Publié le 15/01/2006
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L’OBESITE est liée à des facteurs multiples : génétiques, comportementaux, culturels et psychologiques. Une fois installée, elle est très difficile à combattre par des traitements classiques associant régime alimentaire, activité physique et prise en charge psychologique. Hormis ses différents risques connus, le retentissement le plus immédiat de l’affection est sans doute psychologique et social. Elle constitue un frein aux déplacements et aux relations sociales ; elle déprécie l’image de soi, est source de difficultés psychologiques ; elle suscite des discriminations à l’embauche…

La prévention et l’action des pouvoirs publics sur l’offre alimentaire et les autres facteurs environnementaux favorisant l’obésité sont évidemment fondamentales pour contrer l’épidémie. Néanmoins la prise en charge des personnes déjà obèses, et notamment celles atteintes d’obésité morbide (IMC supérieur ou égal à 40) et même de «super-obésité» (IMC supérieur ou égal à 50) est très difficile.

En effet, si les traitements classiques associant régime alimentaire, activité physique et soutien psychologique se révèlent efficaces dans les obésités modérées, et surtout chez les sujets jeunes, ces approches connaissent des limites dans les formes à forte composante génétique ou évoluant depuis de nombreuses années.

La chirurgie bariatrique.

Les médicaments gardent une place limitée. Cette situation explique l’essor actuel de la chirurgie dite bariatrique (destinée à réduire les apports énergétiques par une chirurgie digestive appropriée) pour le traitement de l’obésité sévère ou morbide. Plusieurs techniques chirurgicales, restrictive ou malabsorptive, ont fait la preuve de leur efficacité. Toutefois, leur utilisation, qui n’est pas sans risque, exige un encadrement spécifique réalisé par des équipes pluridisciplinaires spécialisées réunissant chirurgiens de l’appareil digestif, anesthésistes, nutritionnistes, psychologues ou psychiatres.

Depuis dix ans, des équipes de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont recours à ces différentes techniques. Forte de l’expérience de ses équipes, tant dans la prévention et la prise en charge médico-chirurgicale de l’obésité sévère de l’adulte que médicale chez l’enfant, l’AP-HP a structuré son offre de soins autour de onze centres labellisés.

Cette structuration, à laquelle ont collaboré très activement des associations de patients, s’organise autour de 6 centres pour adultes (Avicenne, Bichat, Hôtel-Dieu, Hegp, Jean-Verdier, Louis-Mourier) et de 5 pour enfants (Armand-Trousseau, Jean-Verdier, Necker-Enfants-malades, Robert-Debré, Saint-Vincent-de-Paul). Ces centres se caractérisent par une approche inter disciplinaire : nutrition ou endocrinologie-métabolisme, explorations fonctionnelles adaptées, consultations en obésité médicale et chirurgicale, psychiatrie et/ou psychologie, ainsi qu’un service de chirurgie digestive. Ces centres sont ainsi engagés dans des missions de prévention, d’enseignement et de formation des personnels, ainsi que de recherche clinique et, pour certains, fondamentale.

Conférence de presse à laquelle participaient : les Prs A. Basdevant (hôpital de l’Hôtel-Dieu), C. Ricour (hôpital Necker–Enfants-malades), J.-M. Chevallier (hôpital européen Georges-Pompidou), J. Navarro (directeur de la politique médicale de l’AP-HP) et C. Lemoine (présidente de l’association Pulpe Club).

Les chiffres

Selon l’OMS, plus de 320 000 personnes meurent prématurément, chaque année, des conséquences de l’obésité en Europe (hypertension artérielle, maladies ostéoarticulaires, pathologies veineuses, complications gastriques, dyslipidémies, diabète de type 2, coronaropathies...). L’assurance-maladie estime qu’à âge comparable le risque des obèses de souffrir d’une affection de longue durée (ALD) est deux fois supérieur à celui d’une personne de poids normal. Aujourd’hui, la France compte plus de 5,3 millions d’adultes obèses et 14,4 millions de personnes en surpoids. L’obésité concerne également les enfants, avec 12 % des 5-12 ans.

> Dr B. V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7877