LA TECHNOLOGIE des ultrasons focalisés de haute intensité, ou Hifu (High Intensity Focused Ultrasound), utilise un faisceau d'ultrasons convergents. Ces ultrasons génèrent de la chaleur qui permet d'obtenir la nécrose du tissu prostatique.
L'émission d'ondes ultrasonores est générée par la vibration d'un transducteur piézo-électrique de grande puissance qui produit ainsi des variations de pression acoustique. Celle-ci génère une alternance de mouvements tissulaires de dilatation et de contraction qui créent de l'énergie convertie en chaleur.
La nécrose tissulaire s'explique par la coagulation induite par l'hyperthermie brutale engendrée par les ondes ultrasonores, qui varie de 85 à 100 degrés, mais aussi par un phénomène de cavitation provoqué par la vibration des bulles de gaz dissoutes dans les tissus, et enfin par une élévation thermique progressive générée par la sommation des tirs dans le temps et dans l'espace.
Un traitement renouvelable si besoin.
Dans l'appareillage utilisé, le générateur d'ultrasons comporte une tête de tir placée dans un ballon réfrigéré couplé à un échographe endorectal, qui identifie le volume cible, et à un ordinateur, qui dirige les tirs dans le volume choisi par l'opérateur.
Le traitement par Hifu est considéré comme l'option la moins invasive dans le traitement du cancer localisé de la prostate. Les avantages de cette méthode sont l'absence de voie d'abord, d'implant et d'irradiation, l'obtention d'une nécrose précise et définitive de la zone traitée, une réponse rapide, le respect de la qualité de vie du patient, le renouvellement du traitement si nécessaire, et l'adaptation aux besoins thérapeutiques du patient.
Ce traitement est actuellement recommandé pour des patients atteints d'un cancer localisé, de stades T1-2, N0, M0, qui ne sont pas candidats à une prostatectomie en raison de leur âge, de leur état général ou d'une maladie associée. Il est également utilisable chez les patients qui souhaitent une alternative à la chirurgie. Une autre indication de choix est le traitement des récidives locales après radiothérapie externe, seule option à visée curative dans ce cas.
Une étude prospective européenne.
Une étude prospective multicentrique européenne publiée en 2003 (1), a permis de faire un bilan clinique de l'Hifu. Elle a porté sur 652 patients dont 402 avaient une lésion localisée. Le traitement par Hifu a été administré en deux sessions, une par lobe, une nouvelle séance étant éventuellement proposée si la biopsie de contrôle, pratiquée au-delà de la 6e semaine, était positive ou en cas de progression locale. Le suivi a porté sur le dosage du PSA et les biopsies de prostate. La durée du suivi a été de 407 jours en moyenne, avec des extrêmes de 0 et 1541 jours.
Après Hifu, les biopsies ont été négatives chez 87 % des malades. Le succès a été plus important chez les patients ayant des facteurs de risque faible que chez ceux qui avaient un risque élevé (92 % contre 82 %). En revanche, le taux de négativité des biopsies a été indépendant du volume prostatique, du diamètre antéro-postérieur de la glande et du traitement complet ou partiel du volume prostatique. Le nadir de PSA a été obtenu en moyenne 163 jours après traitement. Sa stabilité n'a pas été évaluée dans ce travail en raison du trop faible nombre de patients suivis plus d'un an.
Les résultats actuels des centres les plus importants confirment cette efficacité sur des reculs plus importants, mais encore insuffisants pour proposer ce traitement en France à des patients jeunes, pour lesquels la chirurgie reste le traitement de référence.
L'analyse de l'ensemble de la littérature disponible actuellement montre que l'Hifu peut être considérée comme une option comparable aux autres pour les patients ayant une tumeur localisée et un risque de récidive faible ou intermédiaire. Chez les patients ayant un risque de récidive élevé, l'Hifu constitue une option thérapeutique qui peut être associée à d'autres traitements. Le traitement de référence reste la prostatectomie ou la radiothérapie chez les hommes jeunes ayant une espérance de vie supérieure à 15 ans.
Un frein actuel au développement de l'Hifu en France est son absence de tarification alors que toutes les conditions demandées par les tutelles ont été satisfaites, ce qui en empêche l'accès aux structures libérales, contrairement à la plupart des autres pays.
* CHU Côte de Nacre, Caen.
(1)Thüroff S, et coll. High Intensity Focused Ultrasound and localized prostate cancer : efficacy results from the European Multicentric Study. J Endourol 2003 ; 17 : 673-7.
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