2° Congrès annuel de la Nouvelle Société Française d'Athérosclérose ( NSFA)
Biarritz 9-11 juin 2005
UNE AUGMENTATION des marqueurs sériques de l'inflammation a été mise en évidence chez les sujets obèses. A l'inverse, l'amaigrissement s'accompagne d'une diminution des cytokines pro-inflammatoires et des protéines de la phase aiguë de l'inflammation. A partir de ces données a été proposée une hypothèse selon laquelle l'inflammation chronique pourrait faire le lien entre l'obésité et d'autres pathologies comme l'insulinorésistance, le diabète et les maladies cardio-vasculaires. « L'origine de cet état inflammatoire de bas grade se situe en grande partie dans le tissu adipeux », explique le Dr Karine Clément. Depuis une dizaine d'années, on sait que ce dernier n'est pas seulement une réserve lipidique, mais qu'il sécrète aussi de nombreuses molécules parmi lesquelles des cytokines (TNF alpha, IL1-bêta, 6, 8, 10...) et l'adiponectine (1).
Trois questions.
L'inflammation dans l'obésité humaine soulève trois questions centrales concernant l'origine de la production des marqueurs, le rôle de ces facteurs et l'existence de molécules associées au développement des complications. Différentes équipes ont cherché à savoir quels types cellulaires au sein du tissu adipeux, en particulier dans la fraction non adipocytaire (fraction stroma-vasculaire), sont capables de sécréter les molécules liées à l'inflammation. Trois études princeps sur modèle murin d'obésité ont montré que le tissu adipeux est le siège d'une inflammation chronique associée à une accumulation de macrophages (2, 3). Le Dr Clément souligne que « la quantité de ces macrophages est corrélée à la taille des adipocytes et à l'IMC ». Chez les obèses, ils ont une distribution particulière, « en corolle autour des adipocytes hypertrophiés », alors que chez les non-obèses, ils sont plutôt disséminés autour des arbres vasculaires . La leptine pourrait jouer un rôle dans la diapédèse des macrophages dans le tissu adipeux.
Chronicisation.
Par ailleurs, on ne connaît pas encore les mécanismes moléculaires en cause dans la phase de chronicisation et de résistance à la perte de poids qui caractérise l'évolution de l'obésité. L'analyse systématique des profils d'expression génique du tissu adipeux sous-cutané de sujets obèses montre qu'un peu plus une centaine d'entre eux correspond à des cytokines pro-inflammatoires . La majorité (75 %) est exprimée dans la fraction stroma-vasculaire du tissu adipeux. Une perte de poids modérée entraîne une amélioration du profil inflammatoire du tissu adipeux, avec une diminution des facteurs pro-inflammatoires et une augmentation des molécules anti-inflammatoires. Ce profil se rapproche de celui des sujets non obèses.
Certaines des molécules produites par le tissu adipeux sont des protéines de la phase aiguë de l'inflammation, comme le sérum amyloïde A (SAA). Des auteurs ont constaté que l'expression de l'ARNm du SAA ainsi que ses taux circulants sont significativement plus élevés chez les obèses que chez les sujets maigres, et que la restriction calorique diminue de 45 à 75 % ces deux paramètres . Après une perte de poids induite par la chirurgie gastrique, il existe également une diminution du pourcentage de macrophages dans le tissu adipeux.
Enfin, parmi les molécules susceptibles de faire le lien entre le tissu adipeux et les complications de l'obésité figurent la leptine, une molécule probablement impliquée dans l'athérogenèse, et l'adiponectine dotée, à l'inverse, de propriétés anti-inflammatoires et anti-athérogéniques. Une autre piste a également été ouverte avec l'identification de la cathepsine S comme un nouveau biomarqueur . Cette protéase a une activité sur le remodelage tissulaire et est connue pour être un marqueur macrophagique. Elle peut être secrétée par l'adipocyte. L'hypothèse selon laquelle la cathepsine S pourrait représenter le lien moléculaire entre l'obésité et l'athérosclérose reste à démontrer, mais on sait que des souris homozygotes invalidées pour cette enzyme sont protégées contre l'athérosclérose.
D'après la communication du Dr Karine Clément, Inserm EA3502, Hôtel-Dieu, Paris.
(1) Trayhurn P et coll. Adipokines : Inflammation and the Pleiotropic Role of White Adipose Tissue. « Br J Nutr » 2004 ; 92 (3) : 347-355.
(2) Xu H et coll. Chronic Inflammation in Fat Plays a Crucial Role in the Development of Obesity-Related Insulin Resistance. « J Clin Invest » 2003 ; 112 (12) : 1821-1830.
(3) Weisberg SP et coll. Obesity is Associated with Macrophage Accumulation in Adipose Tissue. « J Clin Invest » 2003 ; 112 (12) : 1796-1808.
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